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21 novembre 2015 6 21 /11 /novembre /2015 15:50

 

L'Alcoran de Mahomet, Edition Du Ryer, Arkstée & Merkus, 1775.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Du  fanatisme morbide islamiste :

 

de L’Etat islamique de Samuel Laurent

 

aux Instants soufis d’Abdelwhab Meddeb,

 

en passant par le Coran,

 

la Bible et Thomas d’Aquin.

 

 

 

Samuel Laurent : L’Etat islamique,

Points Seuil, 192 p, 6,50 €.

 

Abdelwahab Meddeb : Instants soufis,

Albin Michel, 200 p, 15 €.

 

 

 

      Quelques Cassandres nous étions, depuis des années, en annonçant l’arrivée sur le sol occidental, européen et français, de la nuit et du sang, de la charia et de la tyrannie, en un mot de la barbarie islamiste. Après l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, des Juifs de l’Hypercasher, il y a moins d’un an, les cent-trente morts et autres trois cents cinquante blessés de six fusillades concertées entre Le Bataclan, le Grand Stade de France et quelques terrasses de café, nous n’exprimerons aujourd’hui pas le moindre triomphalisme de mauvais aloi pour avoir eu raison. Ni encore la moindre vanité de prétendre à une parfaite expertise. Depuis la révolution iranienne de l’Ayatollah Khomeyni, depuis le 11 septembre 2001 des deux tours newyorkaises, depuis l’attentat de la gare de Madrid qui changea le cours des élections espagnoles, depuis le tueur Merah, depuis plus précisément encore 2004 et la publication de Les Islamistes sont déjà là[1], une  messe noire avait été dite. Nous n’avons pas voulu la voir, telles les autruches de l’adage, croyant l’écarter, contribuant au contraire ainsi à l’accueillir, faute d’avoir prévu de la contrer. D’où vient donc cette barbarie prétendument aveugle du Califat islamique, comment en analyser le fanatisme mortifère ? Quelle part de responsabilité ont nos gouvernements et divers Etats, mais surtout l’Islam et son livre, le Coran, que l’on ne comparera qu’avec précaution avec la Bible

Une aveugle contribution

    Le plus souvent, nous sommes aveugles, sourds et muets, sans compter nos mains liées par nos propres soins, devant le terrorisme islamiste, qu’il s’agisse de ses armées du Califat islamiste entre Irak et Syrie, ses bandes armées entre Mali, Nigéria, Yémen et Pakistan, de ses porte-ceintures d’explosifs sur à peu près tous les continents, de ses plus simples couteaux encore anonymes et autres hypothèses opérationnelles venues de leur imagination morbide sans limites. Ainsi, bien moins prémunie qu’Israël, la France se surprend à vivre en une soirée ce que vivent chaque jour et savent le plus souvent éviter les habitants de la seule réelle démocratie libérale du Moyen-Orient.

      N’avons-nous pas contribué, par faiblesse et angélisme, un « angélisme exterminateur », pour reprendre le titre d’Alain-Gérard Slama[2], à faire entrer les loups dans la bergerie ? Une immigration non sélective, un appel d’air à coup d’aides sociales, des frontières plus poreuses que le conduit d’un aspirateur, des livraisons d’armes françaises aux « rebelles syriens », en fait des islamistes à des degrés divers, des relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar et l’Arabie Saoudite à qui nous vendons des armes et qui financent l’Etat islamique, au point de penser qu’achetés, nous nous plions à leurs exigences, des aveuglements à la limite de la complicité lorsque la Maire de Paris remit la médaille de la ville à Mahmoud Abbas, Président de l’Organisation de Libération de la Palestine et chef terroriste notoire, lorsque nos Présidents honorent de visites et de réceptions les potentats arabes, une mansuétude inouïe envers les banlieues où pullulent les zones de « non-droit », donc de racaille-charia-délinquance-criminalité, les mosquées aux prêches salafistes et wahabbistes, tous lieux où la police craint de pénétrer pour ne pas y démanteler les réseaux pré-terroristes, pour ne pas y déterrer les caches d’armes (alors que seuls les bons citoyens n’ont pas droit à ce port d’arme qui pourrait assurer leur légitime défense), une absence de volonté d’éradiquer les prières de rues, les drapeaux de l’Etat islamique dans les manifestations pro-palestiniennes, les voiles et la menace sanitaire et religieuse du halal, une absence de volonté de surveillance réelle d’expulsion radicale et de mise sous écrou des propagandistes, impétrants et forcenés de l’islamisme (au moins 5000 terroristes potentiels fichés), une armée dispersée sur trop de théâtres extérieurs et qui n’a guère les moyens de nous protéger, voici les termes d’un tacite contrat qui a cru acheter notre sécurité et qui, en toute logique, la compromet gravement. Semblerait-il que l’on se réveille de ce sommeil enchanté ? À moins qu’avertis de la probabilité de ces attentats, et de noms de jihadistes, par diverses sources israélienne, turque, algérienne, syrienne, jusqu’au nom d’Omar Ismaïl Mostefaï, l’un des assaillants du Bataclan, les services de renseignements français aient gravement failli ; à moins que, comme l’avancent d’horribles soupçons à quoi il faut peut-être se garder d’accorder crédit, le gouvernement ait sciemment attendu l’attentat pour reprendre la main de la puissance, par l’état d’urgence, et de la popularité, certes provisoire, en un cynisme plus que machiavélien, quoiqu'un certain nombre d'attentats aient pu être déjoués…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Forteresse du l’Etat islamique

     Ainsi l’Etat islamiste (le mot Etat étant employé par euphémisme pour dissimuler sa vocation de Califat) n’est qu’un nid de fanatiques. Ce que confirme avec un brin d’ironie noire Samuel Laurent qui, dans son essai-enquête, commence par interroger « les fans du califat », dont le but proclamé sans fard est d’ « appliquer la Charia sur un territoire toujours plus vaste ». On saura tout, ou presque, sur les financements, les filières, l’hégémonie en projet à l’encontre des nations voisines, la menace envers le Liban et Israël, en lisant L’Etat islamique, enquête pourtant fort risquée de ce consultant international qui a su infiltrer les rangs et les territoires infestés de terroristes. Ces derniers, quoique surarmés de tanks et d’armes lourdes, mais éparpillés, sont, du moins leurs stratèges en chef, difficilement repérables, n’utilisant aucun moyen de communications modernes, bougeant imprévisiblement, ce qui explique pourquoi les frappes aériennes, fussent-elles internationales, ne pourront se passer de renseignement au sol. De plus, il ne faut pas se leurrer, sans troupes au sol, pour appuyer l’admirable travail des Kurdes (qui, notons-le, ont bien des femmes pas le moins du monde enfoulardées dans leurs rangs guerriers défensifs), il est à craindre que nos initiatives soient peine perdue. Samuel Laurent se montre également réaliste sur un point crucial : nous avons « de sinistres alliés comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, qui déploient un réseau tentaculaire au sein de nos banlieues et de la communauté musulmane. Depuis des années, et en toute impunité ! »

De la responsabilité des Etats

    Reste que si la responsabilité d’un prophète, des textes coraniques et de la Charia, n’obère pas un instant la responsabilité individuelle de celui qui n’a jamais usé (ou l’a abandonné) de son libre-arbitre, la responsabilité des Etats où règne à des degrés divers l’Islam, religion officielle, mais sans autorité hiérarchisée (au contraire du Christianisme) est également à pointer, là où l’on ne peut construire d’église, où se révéler athée peut être suivi par la peine de mort, comme au Maroc. Cependant, y compris en ces pays, l’Islam n’est pas toujours monolithique :  il est parfois travaillé par l’interprétation qui tente de contextualiser les propos violents et rétrogrades du Coran pour s’en éloigner ; démarche impie qu’exècre Daesh, cet acronyme qui est un euphémisme pour éviter de dire Califat islamique.

      Outre la responsabilité de l’idéologie religieuse, des Etats, et celle individuelle, il ne faut pas omettre un instant que l’Occident a parfois bien contribué à sa propre perte. Les Etats-Unis ont armé les islamistes afghans contre les Soviétiques, ont renversé Saddam Hussein en désœuvrant l’armée irakienne dont les anciens cadres et soldats nourrissent le Califat islamique (quoique l’invasion américaine du Japon et de l’Allemagne n’ait pas fait d’eux des pays revanchards et criminels, au contraire). L’incapacité et le sectarisme du gouvernement irakien chiite ont provoqué par réaction la floraison du Califat. La France elle-même a contribué à renverser Khadafi, laissant place à un chaos qui retentit jusqu’au Mali. En guise de mea culpa, il faut noter que l’auteur de ces lignes pensait lors de l’éradication de Saddam Hussein qu’il était toujours bon d’abattre un dictateur, ce en quoi il se trompait lourdement. Même si c’est se brouiller la vue que de croire que l’Islam du Califat n’était sans cela en gestation depuis au moins la fondation des Frères musulmans en 1928. C’est avec naïveté que nous avons arrosé d’argent et d’armes les « printemps arabes » et les « rebelles syriens », sans compter l’orgueil masqué sous cet altruisme, venu d’une fort excessive repentance des anciens colonisateurs. C’est avec retard que nous acceptons d’un peu moins tordre le nez devant un Bachar Al-Assad, certes abject, devant un Poutine, certes autocrate pas toujours recommandable, alors que ce dernier, nolens volens européen, a non seulement les moyens, mais la volonté de contribuer à l’éradication, si possible, du Califat islamique.

Archéologie des islamistes français

     Il est loisible également de battre sa coulpe lorsqu’une immigration pléthorique, venue de l’aire islamique, ne sait ni ne veut séparer, parmi les réfugiés de guerre et les migrants économiques, l’aspirant aux libertés de l’aspirant à l’Eurabia, agent d’une invasion idéologique pourtant annoncée et du terrorisme, sans que l’on sache assez s’interroger sur la nécessité de l’identité occidentale en tant qu’elle puise ses sources aux racines judéo-chrétiennes et des Lumières[3]. Et de se reprocher que depuis des décennies, sans que l’on ait le courage d’agir pour ne pas provoquer d’ « incidents » en heurtant la susceptibilité des minorités et pour racler le vote musulman, le sol des banlieues belges, anglaises, et françaises (ad libitum) soit truffé de poches de Charia et de caches d’armes ; cette « guerre secrète » des tapis de prière, des foulards et de la police religieuse, qu’au terme d’une minutieuse enquête courageuse, avaient en 2004 au grand jour dévoilé Christophe Deloire et Christophe Dubois, dans leur livre Les Islamistes sont déjà là[4]. Si l’on sait que l’argent n’a pas d’odeur, celui du pétrole de la péninsule arabique, lorsqu’il achète club de football, palace ou grand magasin parisiens, empeste l’hydre islamiste… Que n’a-t-on agi raisonnablement en France ? Le réquisitoire doit être peu complaisant, depuis que notre pays a donné refuge à l’ayatollah Khomeyni qui fit ensuite de l’Iran une République islamique jusqu’aux enfants de l’immigration que nous n’avons su ou pu intégrer dans une culture libérale, et dont un nombre non négligeable fournit nos terroristes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

      Cependant, selon un rapport publié par le Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à l’Islam, tous les radicalisés ne viennent ni des mosquées ni de familles religieuses. Du moins si l’on se réfère aux signalements, car les familles musulmanes ne sont guère enclines à de telles initiatives. Quelques-uns (quand ce rapport idéologiquement orienté croit voir là le plus grand nombre) de ces jeunes gens viennent de classes moyennes, voire bien éduquées, athées, et se sont relevés d’états dépressifs en s’identifiant au mythe du chevalier héroïque véhiculé par des propagandistes et recruteurs islamistes fort au fait du contenu des Hadiths et du Coran, et qui savent s’inspirer des jeux vidéo de combat. On ne doute pas qu’une rhétorique particulièrement efficace permette de transmuer l’adolescent dans une mythologie compensatoire : celle du djihad, rythmée par le rap beur et par le ronflement des kalachnikovs, bien plus excitante qu’un emploi de chômeur sur les bancs de l’école ou du Kebab, sans parler de la disponibilité des captives sexuelles…

Culture de mort et martyrologie

      Une culture de mort s’attaque à la vie. Pourquoi ? Parce que, soumis à l’influence des masses vitupérant, celui qui a la naïveté, la faiblesse psychologique et intellectuelle, de croire à un paradis éternel peuplé de soixante-douze vierges sans cesse disponibles au macho, se glorifie, en prétendu martyr, de tuer des innocents, n’accorde guère de prix à la vie.

      Nietzsche, l’affirmait : « Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d'une cause, cela est si peu vrai que je veux montrer qu'aucun martyr n'eut jamais le moindre rapport avec la vérité. Dans la façon qu'a un martyr de jeter sa certitude à la face de l'univers s'exprime un si bas degré d'honnêteté intellectuelle, une telle fermeture d'esprit devant la question de la vérité, que cela ne vaut jamais la peine qu'on le réfute[5] ».

      À la seule réserve que le martyr chrétien n’est pas un tueur, il n’est qu’une victime, le plus souvent paisible, du cirque romain ou de ses opposants farouches ; même si les Chrétiens ont fait bien des martyrs parmi les hérétiques à leur foi. Au contraire, le martyr de l’Islam est un assassin de victimes qui n’ont que le tort de ne pas partager sa foi, ou de ne pas l’observer avec le fanatisme requis. En effet, selon Thomas d’Aquin, philosophe chrétien du XIIIème siècle, si « le martyre est un acte de vertu […] il consiste à supporter comme il se doit des souffrances infligées injustement […] Donc le martyre est un acte de patience plus que de force.[6] » En ce sens, indubitablement, la martyrologie ne concerne que les victimes des attentats, en particulier ces Chrétiens du Moyen-Orient éradiqués dans l’indifférence quasi-générale[7]

      Le culte de la mort, équivalent au « Viva la muerte ! » des phalanges franquistes de sinistre mémoire, est évidement de la part de l’islamiste un choix éthique, que l’on ne peut lire que comme un renversement des valeurs, au lieu de célébrer, conserver et magnifier la vie. On voit bien les Palestiniens de Gaza envoyer leurs enfants mener l’intifada, la guerre des pierres, au-devant de la police israélienne, espérant pouvoir exhiber à la presse et à la face de la culpabilité complice occidentale, le cadavre d’un enfant, alors que le ventre de leurs femmes est une usine à martyrs et combattants enrégimentés, surabreuvés de propagande depuis le berceau. Cette « morbidité présuicidaire » n’est pas qu’ « une lassitude, camouflée, camouflée par le voile de la religion, à l’égard du monde et de la vie[8] », elle est un sens de la vie (en fait un non-sens), une eschatologie, une jouissance apocalyptique. Au point que l’on ait pu recenser 27000 attaques causées par l’islamisme depuis le 11 septembre 2001[9] ! En ce sens, il est difficile de décider si les psychopathes désœuvrés sont attirés par l’islamisme ou si l’islamisme ne fait pas que les formater, mais les suscite avec jubilation…

      L’on nous dit qu’il s’agit de déséquilibrés. Certes, s’il s’en glisse çà et là quelques-uns, c’est que comme des mouches attirés par la viande avariée, ils se collent aux occasions et grandes justifications collectives de lâcher la bride à leurs pulsions violentes et meurtrières. Prenons garde à ne pas oublier que la plupart des terroristes islamistes commencent leur initiation dans la délinquance (comme Staline ou les terroristes rouges de la bande à Baader qui ont d’abord œuvré dans l’attaque à main armée). Ils baignent dans « le mouv », une fraternité perverse qui est un mode de vie tout à fait « cool », dont le sommet devient l’orgasme du doigt qui commande le meurtre, dont l’acmé sadomasochiste est une explosion paradisiaque. Mais il faudrait également et surtout prendre garde que l’Islam est un équilibre, en lequel l’impétrant et le professionnel trouvent leur équilibre moral, leur foi et leur loi. Certes, il s’agit d’un équilibre conceptuel simpliste, mais en cela rassurant, dans lequel un manichéisme rigoureux sépare le bien et le mal, le dar es salam (territoire de la paix islamique) et le dar el darb (territoire de la guerre contre les infidèles). De plus une jouissance noire anime le corps, les mains et le visage du terroriste en action, surtout drogué au Captagon (cet euphorisant qui offre une sensation d’invincibilité), le plus souvent jeune, comme une décharge sexuelle, plus reproductible et plus durable, à la merci de celui qui se veut Ange exterminateur en éprouvant un sentiment de toute puissance totalitaire. Ce pourquoi faire appel à un Islam modéré, à une réforme théologique humaniste, serait inopérant contre de tels meurtriers. Qui plus est fort stimulés par un jeu de combat comme Assassin’s Creed, d’ailleurs en partie inspiré par ces « assassins » au nom d’Allah animés par la secte des « Haschischins » (une communauté chiite ismaélienne du XIème siècle), dont on lira le stupéfiant tableau romanesque mis en scène par le Slovène Vladimir Bartol dans  son roman : Alamut[10].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Islam et la morbidité de sa source coranique

      Nous n’avons voulu percevoir les islamistes que comme de rares fondamentalistes qui ne respecteraient pas le message de l’Islam, cette religion de « paix et d’amour », comme la taqiya (la dissimulation) et la propagande pro-tolérance le prétendent. C’est hélas méconnaître le message parfaitement clair de la parole d’Allah révélée à son prophète et à ses millions de zélotes, dans son livre saint (et abondamment confirmé par les Hadiths) rempli jusqu’à la gueule d’exhortations, d’interdits et d’appels aux meurtres : « Si vous rencontrez les infidèles, combattez-les jusqu’à ce que vous ayez fait un grand carnage ; chargez de chaines les captifs[11] », ordonne la Sourate XLVII, sans oublier bien sûr les captives…

      Ne nous voilons pas la face (image choisie à dessein), l’Islam est l’islamisme ; l’islamisme est l’Islam. Si tous les Musulmans ne sont pas des islamistes, c’est parce qu’en déshérence ils laissent les commandements coraniques qui sont contraires aux droits de l’homme et de la femme ; et parce que de nombreux courants ont traversé cette tradition religieuse et théocratique, parfois plus prudemment. Et tant mieux s’ils s’approchent de ce qui serait, quoiqu’hélas fort minoritaire, un Islam des Lumières, qui appellerait sur ces attentats et cette stratégie dissimulée de conquête une triple condamnation, éthique, juridique et religieuse ; au contraire de ce livre qui, de sa naissance à nos jours, voire pour longtemps, reste intrinsèquement incompatible avec la démocratie libérale[12]. Ce que confirme, sans la moindre ambiguïté, Al-Mawardi (974-1058), considéré comme l’un des meilleurs théoriciens politiques de l’Islam : « Dieu ne dissocie donc pas la rectitude de la religion de la bonne direction de l’Etat et du bon gouvernement des sujets. »[13] Pendant ce temps, presqu’autant que la bande de Gaza, nos banlieues regorgent de réjouissances, de cris antisémites, en apprenant le succès de ce carnage de « Céfrans »…

      L’on exhibe pour se dédouaner le début du fameux verset 32 de la sourate V du Coran : « Tuer un homme c’est comme tuer toute l’humanité ». Mais ne nous cachons pas qu’il est immédiatement suivi, en ce même verset 32 et au verset 33, par : « Mais voici, après cela, il est sur terre, un grand nombre de transgresseurs. Mais ceux qui guerroient contre Allah et ses Envoyés, semant sur terre la violence, auront pour salaire d'être tués ou crucifiés[14] ». Si l’on imagine qu’il ne s’agit que d’un effet de traduction, il est permis de consulter, outre cette dernière de Chouraki, celle de Du Ryer, en 1775 : « la punition de ceux qui contrarient à la volonté de Dieu, à celle de son Prophète, et font leurs efforts pour salir la terre, est d'être tués, pendus, d'avoir le pied droit et la main gauche, ou la main droite et le pied gauche coupés, et d'être exterminés de dessus la terre ». Et pour ajouter un des nombreux versets qui ordonnent le meurtre, lisons la Sourate VIII, verset 12, traduction Chouraki : « Je jetterai au cœur des effaceurs la panique. Frappez sur les nuques ! Frappez toutes les phalanges ! » Sans omettre la Sourate IV, « Sur les femmes », verset 34, traduction Chouraki : « Les hommes ont autorité sur les femmes […] Admonestez celles dont vous craignez la rébellion, reléguez-les dans des dortoirs, battez-les ». Moralité : débarrassez le Coran de tous les versets contraires aux droits de l'homme et de la femme. Ce qu’un nombre pas tout à fait négligeable d’humanistes de confession musulmane réclament d’ailleurs, comme Nasser Khader, ancien membre du parlement danois, et chercheur d’origine syrienne au Hudson Institute de Washington. Si l'on souhaite de manière irénique l'avènement d'un Islam des Lumières, il est à craindre qu'il soit difficile d'interpréter autrement ces versets génocidaires, et bien des imams apparemment conciliants usent de la taqîya (dissimulation stratégique) en prétendant à la nécessité de l'interprétation. Reste à contextualiser le texte comme appartenant à une époque révolue, mais face à une doxa et une foi qui prétendent que le Coran est incréé et éternel, cela reste une gageure...

 

Violence coranique et biblique, même combat ?

      Certes, toutes les religions, y compris les plus paisibles dans leurs textes sacrés, peuvent permettre d’armer des bras au service d’abominations ; on a vu des Bouddhistes devenir meurtriers. Mais le Christianisme ne le fait qu’en contradiction avec ses principes d'amour et de pardon, de l’origine évangélique à Vatican II. Ce scandale théologique et éthique a été relevé avec brio par le philosophe Jacques Ellul : « Comment se fait-il que le développement de la société chrétienne et de l’Eglise ait donné naissance à une société, à une culture en tout inverses de ce que nous lisons dans la Bible, de ce qui est le texte indiscutable à la fois de la Torah, des prophètes, de Jésus et de Paul ? […] on a accusé le Christianisme de tout un ensemble de fautes, de crimes, de mensonges, qui ne sont en rien contenus, nulle part, dans le texte et l’inspiration d’origine […] Ce n’est pas du tout le même phénomène qu’entre les écrits de Marx et la Russie des goulags ni entre le Coran et les pratiques fanatiques de l’Islam. Ce n’est pas le même phénomène parce que dans ces deux derniers cas on peut certes trouver la racine de la déviation dans le texte même[15] ».

      En 1795, l’orientaliste français Volney, parmi les pages de son essai, Les Ruines, dans lequel il méditait sur le caractère éphémère des empires, et militait pour la tolérance religieuse, en digne représentant des Lumières, faisait se confronter les sectateurs des religions concurrentes en leurs prétentions et leurs ridicules. S’il n’épargnait pas le Christianisme, il était justement féroce contre les contradictions de l’Islam : « jeûner le jour (et manger de nuit), donner l’aumône de son bien (et ravir celui d’autrui) : tels sont les moyens de perfection institués par Mahomet, tels sont les cris de ralliement de ses fidèles croyants. Quiconque n’y répond pas est un réprouvé, frappé d’anathème, et dévoué au glaive. Un Dieu clément, auteur de la vie, a donné ces lois d’oppression et de meurtre ; il les a faites pour tout l’univers, quoiqu’il ne les ait révélées qu’à un homme[16] ».

      Certes le Christianisme n’a pas toujours été tendre envers ses hérétiques, tels les quinze mille morts lors des trois siècles de l’Inquisition, principalement espagnole ; pourtant une broutille (qui reste impardonnable) devant l’incommensurable nombre des infidèles oubliés parmi les sables de quatorze siècles de conquêtes musulmanes… Outre les guerres de religions, fratricides entre protestants et catholiques, là encore impardonnables, le reproche récurrent est associé aux croisades (certes plus qu’indélicates lorsque leurs soudards pillèrent Constantinople), ce péché capital aux yeux des islamistes, quoique l’équité réclame de considérer qu’il ne s’agissait que de reconquérir ce qu’avaient soumis à leur tyrannie sanglante les armées musulmanes…

 

Moïse et les tables de la loi, Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament, 1815.

Photo : T. Guinhut.

 

      C’est alors que l’on rétorquera que la Bible est aussi violente que le Coran. Comparaison n’est pas raison. Le second est censé être incréé, émanation ne varietur de la parole divine directement transfusée à son prophète et à son livre, destiné à être répété, récité et observé, rarement interprété, quand la première est bien plus rare en exhortations criminelles et n’est que rarement parole prophétique, comme lorsque Moïse rapporte le « Tu ne tueras point » du mont Sinaï. La Bible est écrite par des dizaines de bouches et de mains humaines, récit essentiellement historique, quoique mythographique, psaumes et cantiques… Elle génère, surtout autour de la Thora, une intense tradition d’interprétation. Aussi, lorsque nous lisons dans le Deutéronome : « Vous exterminerez tous les peuples que le Seigneur votre Dieu vous doit livrer » (traduction Le Maistre de Sacy) ou « Tu dévoreras donc tous ces peuples que Yahvé ton Dieu, sans les prendre en pitié et sans servir leurs dieux : car tu y serais pris au piège[17] » (traduction Gazelles, Ecole Biblique de Jérusalem), l’on peut y lire une abjection criminelle autant qu’une stratégie digne de Machiavel, mais, puisqu’ici Moïse ne parle plus en prophète mais en chef de peuple, un précepte à contextualiser historiquement, qui, de plus, n'est pas récurrent. Lorsqu’il parle en prophète, dans le Lévitique, hélas il ordonne la mort de l’homme adultère, de celui « qui couche avec un homme comme on couche avec une femme », du « nécromant ou devin[18] », sans oublier que la liste des animaux impurs y est décidément surréaliste ! Dans L’Exode, qui « profanera le sabbat, devra être mis à mort[19] ». Voilà bien des millénaires heureux que de tels châtiments ne sont plus appliqués, par Juifs et Chrétiens, perméables à l’évolution des mœurs et des libertés (hors quelques rares nostalgiques d’une orthodoxie digne des Zélotes), y compris en Israël, pays laïque de la Thora. Quant au Nouveau Testament, une seule occurrence meurtrière est à relever, chez Saint Luc 19 11 27 : « Quant à mes ennemis, qui n’ont pas voulu de moi pour roi, amenez-les ici et égorgez-les en ma présence.[20] » Il faut alors prendre garde que ce n’est là qu’une parole rapportée, celle d’ « un homme de haute naissance », par le Christ, au sein d’une parabole, celle des « Mines » (ou des « Talents » et du « Prétendant à la royauté » chez les autres évangélistes en cette matière bien plus bienveillants) qui n’a aucune valeur prescriptive et qui n’est destinée qu’à une méditation sur la rétribution et la justice… En un ensemble de quatre Evangiles qui ne sont à l’égard des hommes et des femmes que paroles d’amour, de paix et de pardon, cette citation qu’il ne faut ni tronquer ni éviter de contextualiser, est plus qu’isolée !

      En conséquence, au contraire de l’Islam qui est une religion fondamentalement politique, si le Christianisme s’est aventuré parmi l’espace du pouvoir politique au cours de son histoire, ce fut au pris d’une contradiction flagrante avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, telle que l’ordonne le Christ : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu[21] ». Rien là de fanatique, n’est-il pas vrai ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entre wahhabisme et soufisme

      Pire encore, c’est au XVIIIème siècle que Mohammad ibn Abd al-Wahhâb mit au point sa doctrine, que son frère Souleyman dénonça dans Les foudres divines réfutant le wahhabisme. En effet même les musulmans rigoristes réprouvent le wahhabisme, conspué comme hérétique, puisqu’il érige en dogme le pillage et la razzia (certes pratiqués en abondance par le Prophète en personne en son VIIème siècle), puisqu’il va jusqu’à détruire les traces de la civilisation islamique (tombeaux et mosquées par exemple), sans parler évidemment des autres civilisations. L’Arabie Saoudite tire son nom des Saouds, la tribu qui accueillit Mohammad ibn Abd al-Wahhâb. Hélas, à cause du concours des pétrodollars (d’ailleurs venus de l’alliance commerciale pétrole contre protection entre les Etats-Unis les Saoudiens, via l’Aramco) et des imams saoudiens, c’est ce wahhabisme exterminateur, ainsi que le salafisme et les Frères musulmans, eux plutôt qataris et Egyptiens, désireux de revenir à la pureté originelle de l’Islam et de lutter contre l’occidentalisation, qui essaiment à travers le Califat islamique et ses séides armés jusque dans notre Occident. Au risque d’être en contradiction avec le Coran même, puisque ce dernier prohibe le suicide, donc les attentats au moyen de ceintures d’explosifs. Qu’importe, puisqu’en 1985, le leader spirituel des Chiites du Hezbollah lève l’interdit sur le suicide pour les combattants. Toutes raisons pour laquelle un certain nombre d’Etats et de Musulmans exècrent le Califat islamique, ce qui ne les empêche pas de soutenir avec ferveur un Islam prétendument modéré…

      C’est alors oublier qu’il existe des Instants soufis, pour reprendre le titre d’Abdelwahab Meddeb. « Instants » car ceux qui pratiquent le soufisme ne sont qu’un petit pour cent de l’Islam. Là, pas grand-chose de fanatique. On sera stupéfait d’apprendre qu’il y eut des femmes au sommet de cette spiritualité, des saintes, comme, au VIIIème siècle, Râbi’a. « Le soufi est celui qui a été ravi par Dieu », mais dans le cadre d’une « universalité [qui] est une vertu cardinale » et de « la reconnaissance de l’autre ». Jésus est considéré comme un modèle, en cette « société ouverte », en rien misogyne, où la connaissance de toutes les religions est encouragée, comme la pratiqua le philosophe et mystique andalou Ibn ‘Arabî (1115-1240), qui, amoureux de Nizâm, en fit la « figure d’amour », représentant « le Dieu Un ». Ainsi l’on déguste les « fruits divins », à la portée du lecteur de l’encyclopédie du soufisme titrée La Parure des saints. Comme de juste, cette ascèse sublime, animée par un « code chevaleresque », est soutenue par une intense poésie, celle de Niffarî, de Rumî, ou celle dont témoigne le vaste conte du Cantique des oiseaux d’Attâr[22], jusqu’au sommet d’une esthétique de l’extase.

      À moins qu’Abdelwahab Meddeb, bien conscient par ailleurs que les germes du terrorisme sont dans les textes fondateurs de l’Islam, se laisse emporter par son enthousiasme, il faut admettre qu’il a su rendre un bel hommage, aussi limpide qu’érudit, à cette estimable spiritualité qu’est le soufisme, clairement en contradiction avec l’Islam aussi bien courant que fondamentaliste. Il suffit de songer qu’en 2012, les fanatiques islamistes ont incendié en Tunisie, le mausolée de Sayyida Mannoubia, vénérable soufie. En effet, au contraire de la « Sourate sur les femmes » du Coran, violemment sexiste, Ibn ‘Arabî écrit en son poème : « Les femmes sont inséparables des hommes / dans le monde des esprits et des corps / […] Si tu observes le ciel et la terre / tu distingues les deux sans hiérarchiser.[23] »

      Ainsi, nous saurons ne pas faire de l’entièreté de l’Islam une abomination, ne pas « faire de l’arabité une maladie honteuse », selon la formule judicieuse de Malik Bezouh qui se livre à un examen documenté, hélas à peu près uniquement à charge, contre les « préjugés » accumulés parmi l’Histoire française à l’encontre de l’Arabe, dans son essai France-Islam. Le choc des préjugés[24], essai qui n’est tout de même pas indigne d’être médité.

      Hélas, le terroriste, wahhabiste ou salafiste, d’Al-Qaïda ou d’Al-Nosra, n’est que la partie émergée de l’iceberg d’un Islam qui vise, au moyen de la taqiya, à s’installer durablement au point d’imposer ses mœurs, aux dépens des mœurs locales et des principes de la République et de la démocratie libérale. La guerre lointaine au-delà de la Méditerranée, la guérilla dans les banlieues (alors que le mot « banlieue », vient du lieu du ban, soit de la loi) ne sont que le fer de la lance du jihad, quoiqu’ils puissent être compris comme une erreur parce qu’ils contreviennent à la stratégie de dissimulation d’un Islam qui ne veut que s’étendre sans trop effrayer ceux qui deviennent ses dhimmis obligés, en son territoire de paix et de soumission…

      Au-delà des grotesques objurgations au « Padamalgam », et au « Pas faire le jeu du Front National », le devoir de quête de vérité (dans la mesure où elle est à la portée de nos modestes moyens) s’impose. Devoir de vérité rétrospective lorsque nous savons combien la France et bien d’autres Etats occidentaux ont péché par laxisme sur leur propre territoire, tout en contribuant à la croissance de l’Etat islamique, diplomatiquement, militairement et financièrement ; devoir de vérité théologique en lisant les textes et l’histoire de l’Islam ; devoir de résolution et d’action pour protéger notre présent et notre futur. Il faudra plus qu’un Hercule veillant au communautarisme musulman pour vaincre l’hydre aux mille têtes et aux millions de serpents souterrains de l’islamisme de par le monde, plus qu’un James Bond (mythes d’ailleurs fort voisins), plus qu’un porte-avion, fût-il nommé « Charles de Gaulle ». Que faire ? Cesser tout commerce, toute relation diplomatique avec les pays coupables d’indulgence et de financements (au premier chef l’Arabie Saoudite, voire la Turquie d’Erdogan) pour le Califat islamique. Faire converger les forces militaires des démocraties, d’Israël (dont l’expertise est grande en ce domaine), de la Russie, des Etats-Unis, y compris de la dictature de Bashar al Assad, filtrer avec la plus grande rigueur l’immigration venue de l’aire et de l’idéologie coraniques, envisager peut-être une remigration, rétablir le droit et le respect des libertés individuelles dans les « territoires perdus de la République[24] ». Restaurer enfin l’humanité dans sa dignité, du moins tendre vers ce but seul envisageable devant le miroir que doit tendre à chacun un juste individualisme agnostique autant qu’une théologie humaniste…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 


[1] Christophe Deloire et Christophe Dubois : Les islamistes sont déjà là. Enquête sur une guerre secrète, Albin Michel 2004.

[2] Alain-Gérard Slama : L’Angélisme exterminateur, Grasset, 1993.

[4] Christophe Deloire et Christophe Dubois : Les Islamistes sont déjà là. Enquête sur une guerre secrète, ibidem.

[5] Friedrich Nietzsche : L’Antéchrist, 53.

[6] Thomas d’Aquin : Somme Théologique, II, 124, Cerf, 1985, t III, p 744, 745, 746.

[8] Peter Sloterdijk : La Folie de Dieu, Libella Maren Sell, 2008, p 186.

[9] Voir : thereligionofpeace.com

[10] Vladimir Bartol : Alamut, Phébus, 1991

 [11] Coran, sourate XLVII, verset 4, traduction Savary, Garnier, 1958, p 481.

[13] Al-Mawardi : De l’éthique du prince et du gouvernement de l’Etat, Les Belles Lettres, 2015, p 360.

[14] Coran, Sourate V, versets 32 et 33, traduction Chouraki, Robert Laffont, 1990.

[15] Jacques Ellul : La Subversion du Christianisme, Seuil, 1984, p 9.

[16] C. F. Volney : Les Ruines, ou méditation sur les ruines des empires, Parmentier, 1826, p 115.

[17] Deutéronome, 7-16.

[18] Lévitique, 20-10,13,27.

[19] Exode, 31-15.

[20] Saint Luc, 11-27.

[21] Saint Luc, 20-25.

[23] Cité par Abdelwahab Meddeb, p 152, 153.

[24] Malik Bezouh : France-Islam. Le choc des préjugés. Notre histoire des croisades à nos jours, Plon, 2015.

[25] Les Territoires perdus de la République, sous la direction d’Emmanuel Brenner, Mille et une nuits, 2002.

 

Photo : T. Guinhut.

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 18:41

 

Sevilla. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

Christianophobie et désir de barbarie :

 

Le Livre noir de la condition

 

des Chrétiens dans le monde.

 

 

 

 

Le Livre noir de la condition des Chrétiens dans le monde.

Sous la direction de Jean-Michel di Falco, Timothy Radcliffe, Andrea Riccardi,

XO Editions, 814 p, 24,90 €.

 

 

 

        Si l’on pense au célébrissime Livre noir du communisme[1] et à ses cent millions de morts, une lecture malavisée de ce nouveau titre pourrait laisser penser à un semblable réquisitoire à l’encontre des Chrétiens coupables de millions d’exactions. Pourtant, non ; aux rebours de bien des préjugés, au rebours d’une islamophobie bien plus stigmatisée qu’une plus sanglante christianophobie, ce sont eux les victimes des nouvelles bêtes de l’apocalypse en notre contemporain planétaire. Il s’agit bien du Le Livre noir de la condition des Chrétiens dans le monde ; quoique l’on eût pu, pour les trois quart de ce volume fort de ses huit cents vastes pages exhaustivement documentées, l’appeler Livre noir de l’Islam. Là où la pulsion de mort et le désir de barbarie sont pour beaucoup d'êtres humains une positivité du mal...

        Voici un monstre livre, une caisse noire, insoulevable par la seule compassion, de dossiers destinée au tribunal divin -s’il existe-, plus exactement à celui de la conscience de l’humanité entière, autant que de chacun de nous. Car si nous avons dit ailleurs « Pourquoi nous ne sommes pas religieux[2] », cela ne doit en rien empêcher de prendre fait et cause pour des victimes innocentes de par le monde. Les Chrétiens en effet sont aujourd’hui les premiers visés (même si leur grand nombre contribue à statistiquement expliquer cela) : 150 à 200 millions d’entre eux sont persécutés, quand 75% des violences religieuses les visent directement. Entre Syrie et Irak, le christianisme, qu’il soit nazaréen ou catholique, est en voie de disparition, Bible et croix sont rigoureusement proscrites, la crucifixion n’est plus un souvenir pittoresque de l’empire romain, n’est plus un objet de contemplation muséal et de méditation ecclésiale… Pourtant nous ne consentirons pas à illustrer cet article avec ces photos de charniers qui circulent avec raison sur le net…

      Savions-nous qu’en Inde, au Sri-Lanka ou en Birmanie, les nationalismes hindouistes et bouddhistes exercent des exactions contre les minorités paisibles : le pogrom anti-chrétien d’Orissa, en Inde, a fait 500 morts en 2008 et 50 000 sans-abris. Décidemment, il ne faut faire confiance à aucune religion, fut-elle aussi sage et méditative que le bouddhisme ! Certes, l’homme sait s’emparer de toutes les confessions pour jouir avec voracité de son pouvoir de violence, sait dénaturer et trahir leurs textes fondateurs, comme les Chrétiens eux-mêmes ont pu bafouer le message des Evangiles en fondant l’Inquisition, en brûlant les sorcières, en abattant les idoles païennes, et contribuer au génocide de nombre d’Indiens d’Amérique[3]. Ce qui ne doit entraîner aucune vengeance contre des innocents, si abondamment paisibles, la croix contre la poitrine.

      Savions-nous qu’en Chine, Corée du Nord, Vietnam et Cuba, ces délicieux paradis communistes, les intimidations, les persécutions, les emprisonnements guettent les Chrétiens ? La foi totalitaire et matérialiste ne supporte pas qu’une foi concurrente l’ignore et la dépasse, ne serait-ce qu’en sa dimension spirituelle et philosophique. Ainsi, les camps de travaux forcés de Corée du Nord recrutent et exécutent qui ne sacrifie pas au culte du leader rouge : « Posséder une Bible peut valoir le camp d’internement, voire l’exécution capitale ».

       Savions-nous qu’en Amérique latine, continent le plus christianisé, prêtres et pasteurs sont assassinés lorsqu’ils s’engagent contre la corruption et le narcotrafic ?

         Savions-nous que la distribution géographique de la répression anti-chrétienne est un nouvel archipel de la honte ? Le plus vaste, le plus terrible va du Maroc à l’Indonésie, de l’Iran au Nigéria et au Centrafrique, en passant par l’affreux Pakistan nanti d’une glorieuse loi contre le blasphème : l’aire arabo-musulmane est gangrénée par les tracasseries quotidiennes contre ceux qui doivent se résoudre à pratiquer leur culte et leurs vertus en secret, par les mouvements islamistes radicaux à l’affut du crime à commettre avec gourmandise contre l’infidèle. Là où charia et fanatisme livrent un combat manichéen : « Djihad versus McWorld[4] »

      Nous connaissons tous Boko Haram (signifiant « livres impurs ») qui, au Nigéria, est responsable de 3000 morts et vend des esclaves sexuelles.  Un autre exemple : il y a 25 ans, l’Irak comptait un million et demi de Chrétiens ; ils ne sont plus que 150 000. Songeons également que les Musulmans ahmadis, non reconnus comme Musulmans, souffrent également de répressions. Au point qu’une « éminence grise des Frères musulmans […] défend également l’idée que l’assassinat et la crucifixion sont des réponses appropriées face au crime que constitue le fait de quitter l’Islam pour une autre religion ».

        Et si l’on en est pas à ce point en Europe et en France, il suffit de parcourir les entrefilets des journaux pour y découvrir de nombreuses exactions contre des cimetières, des églises, profanés, voire pillées pour alimenter on ne sait quelles caisses…

       On estime alors que 80 % des persécutions religieuses dans le monde sont perpétrées contre des Chrétiens ; sinon ils sont Baha’is, animistes, et de toutes les confessions selon les régimes politiques et les pays qui ne tolèrent pas le libre-arbitre. Car « la liberté religieuse est un droit orphelin », selon la formule de Caroline Cox…

         Toutes « choses sur les persécutions, qu’il ne parait pas prudent de raconter ici pour n’offenser personne », dit le Pape François, cité par Jean-Michel di Falco. Quand dénoncer le crime n’est pas une offense, n’est-ce pas une façon trop chrétienne de tendre l’autre joue ? Cette « guerre globale », y compris contre femmes et enfants, ne voit guère se lever la main de la justice, dont la force est la vertu nécessaire, pour résister aux injures sanglantes.

 

         À la barre des témoins, sous les espèces du réquisitoire, ce sont huit cents pages affolantes et encyclopédiques pour un ouvrage de référence qui a demandé deux ans de travail, soixante-dix contributeurs, forts de leurs soixante-dix témoignages et reportages, sans compter leurs analyses judicieuses ; trois directeurs d’ouvrage, l’un évêque et conseiller culturel (Jean-Michel di Falco Léandri), l’autre dominicain et enseignant dans le monde entier (Timothy Radcliffe), le troisième historien des religions (Andrea Riccardi). Ils sont dix-sept nationalités d’historiens, de journalistes, de dignitaires religieux, qu’il s’agisse du grand rabbin de France Haïm Korsia ou du recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Houbrou… Ce qui montre bien que l’Islam reste parfois capable d’enfanter des défenseurs de l’humanité et de la tolérance ; si nous ne nous risquons pas à le qualifier de taqiya, c’est-à-dire cette dissimulation et hypocrisie, qui est une catégorie juridique musulmane, prescrite par la charia…

        Une seule réserve face à cet imposant, émouvant et tragique ouvrage qui invite à la paix : trop souvent les auteurs, comme le mantra d’un cliché obligé, incriminent « la mondialisation ». C’est sans compter, grâce à cette dernière, le développement des échanges, des activités économiques, l’amélioration générale des conditions de vies des hommes et des femmes, sauf là où les tyrannies politiques et religieuses sont un frein considérable aux libertés commerciales, entrepreneuroriales, aux libertés de pensée et de conscience…

        Ne faut-il pas ouvrir les yeux sur ce martyr généralisé, pire que ceux figurés par l’imagerie de l’empire romain ? Car l’ « agneau du Seigneur [est] mené à l’abattoir ». Coptes ou Nazaréens, l’Egypte et la Syrie visent leur disparition, comme le monde arabe en sa plus grande part vise à désintégrer Israël. La Turquie, elle-même, à force d’ostracisme, a fini, ou à peu près, par effacer la poussière des pas chrétiens de son territoire. Cet « équivalent religieux de la purification ethnique » est commis « dans une quasi-indifférence » de nos médias et de nos politiciens.

        Force est de constater que la litanie sur les droits de l’homme ne mentionne guère ceux des Chrétiens ostracisés, pillés, exilés, massacrés. Que le génocide oublié du Sud-Soudan, que le fameux génocide arménien perpétré par le Turcs au début du XX° siècle ne sont que très rarement associés à une guerre de religion perpétrée par l’Islam, y compris contre les cultes animistes. Que les femmes chrétiennes sont trop souvent « violées, humiliées, lapidées », y compris des religieuses, rappelle une judicieuse féministe : Lucetta Scaraffia… À force d’associer abusivement le Christianisme à la répression physique et morale, on ne veut pas percevoir combien il est bafoué, immolé de par le monde. On monte en épingle la pédophilie réelle de quelques prêtres, et l’on ferme les yeux sur la forêt de glaive qui éventre les Chrétiens…

         Pourtant, y compris au Maghreb (où seule la Tunisie promulgue, en sa récente constitution, la liberté de conscience) les conversions au christianisme sont loin d’être rares ; sans compter la montée de l’athéisme. C’est ainsi qu’une spiritualité plus humaine et humaniste prend la place d’une religion si souvent régressive, tyrannique et barbare.

Gerlos, Zillertal, Österreich. Photo : T. Guinhut.

        En ce frénétique désir universel de barbarie, d’où vient cette radicalisation de jeunes occidentaux tentés par la terreur djihadiste ? Jeunes gens souvent banals, souvent dépressifs, aux profils psychologiques instables, venus très majoritairement de familles athées, qui trouvent soudain une vocation, une certitude, et surtout l’intensité de testostérone qui leur manquait. Soumission extatique au groupe, à une religion aux ambitions planétaires, servitude volontaire au service de la force, adhésion enthousiaste au leader, quête de sens et de reconnaissance, récupération des racailles délinquantes que la pression fiscale et le droit du travail contraignent à écarter de ce dernier, diabolisation de l’Occident perçu comme dominateur, instrumentalisation du ressentiment et de la haine, manipulation des impétrants via internet et les réseaux sociaux, propagande au service des convertis, manichéisme radical, tout cela impose une force de succion qui avale l’individu sans pensée, ni valeurs propres -au sens des Lumières-, comme le firent en leur temps (mais encore aujourd’hui) le marxisme et le communisme. S’y ajoutent, pèle-mêle, le mythe du chevalier héroïque, venu de Saladin, au service d’une cause transcendante et d’une eschatologie, la solution à la haine de soi, la réalisation concrète du jeu vidéo de guerre, la griserie de l’aventure exotique et du combat viril, l’assomption extatique de l’immolation, le sentiment de toute puissance lorsque meurt par soi et devant soi le réprouvé, Juif, Chrétien, apostat, infidèle…

        De plus, la constante anthropologique du mal et de la violence, cette pulsion de mort sur soi et sur autrui, enfouie à divers degrés en chacun de nous, n’attend que l’occasion pour se manifester et prospérer. Qu’il s’agisse de l’aubaine nazie ou communiste, de l’aubaine islamique, une idéologie de la force pour ses servants et chevaliers s’acoquine à celle d’une catégorie humaine à mépriser, déshumaniser, détruire, démembre, décapiter : Juifs, bourgeois, Juifs encore une fois et Chrétiens. Tout ceci étayé par des théories du complot s’appuyant sur Les Protocoles des sages de Sion -un faux avéré- et sur la satanisation de l’autre.

        Hélas, le sectarisme de la laïcité à la française s’exerce au premier chef à l’égard du christianisme. Certes il ne va pas jusqu’au martyr, mais un certain ostracisme l’écarte du droit de cité, au point que ses vertus morales, éducatives, soient ignorées, méprisées, au bénéfice d’une autre religion plus conquérante, rigoureusement intolérante, finalement terrifiante ; pour cette raison même tolérée, voire caressée dans le sens du poil par l’institution et les élus.

        Ainsi, en France, voire en Occident, quoique nous puissions en toute liberté et rationalité ne pas être religieux, du moins jusqu’à nouvel ordre, rejeter et reléguer le christianisme, en tant que rituel et spiritualité, est non seulement contreproductif, mais dangereux. Il ne s’agit pas un instant de revenir aux temps du catholicisme triomphant et arrogant, ni d’omettre le risque de fondamentalisme que peut receler l’adhésion à une religion. Mais d’avoir, comme Jean-Michel di Falco, cette conscience : « Dès lors qu’une religion se trouve en situation de pouvoir et d’hégémonie, la tentation pour elle est d’imposer sa vision à tous. Ce n’est pas le message de l’Evangile. » Ni du Judaïsme. D’où la position humaniste et supérieure de ces théologies et philosophies. Ne faut-il pas, en particulier dans l’éducation, ménager au Christianisme une dignité, dont ses valeurs de paix doivent être les garants, face à cet islamisme prédateur et totalitaire, contre lequel nous sommes loin de prendre les mesures qui s’imposent : réduction drastique de son immigration si elle est envenimée par la christianophobie, de son prosélytisme, de ses quartiers de charia, de sa délinquance, de son machisme… Pourquoi faisons-nous l’autruche, la tête dans le sable du désert relativiste ? Pourquoi tardons-nous à réagir ? Par angélisme communautariste, par culpabilité postcoloniale, par électoralisme, par peur inavouée de celui qui devient le plus fort, de l’omelette que l’on ne fera pas sans casser des œufs, avant que toute les poules juives, chrétiennes et laïques soient décapitées ? Sans compter les Musulmans innocents et respectueux de la démocratie libérale qui seront des victimes collatérales ? Tableau excessif, perspective alarmiste, nous direz-vous, probablement avec raison. Pourtant c’est déjà le cas entre l’Euphrate et le Tigre, là où le mythe biblique plaçait l’Eden…

     Christianophobie et judéophobie, qui ne reposent que sur une haine irrationnelle, puisque les arguments qui les justifient sont à peu près inexistants, s’opposent, de par le désir de barbarie avérée, assumée, d’une grande part de l’Islam, à l’islamophobie[5], qui n’est que très peu meurtrière alors qu’elle repose sur une peur rationnelle d’un Islam génocidaire… Ce qui ne signifie pourtant pas qu’il faille être musulmanophobe, car ce serait, par une excessive généralisation, reprocher à des individus innocents les crimes de certains de leur corréligionnaires.

        La vertu du Livre noir des Chrétiens dans le monde touchera-t-elle suffisamment de lecteurs ? Sera-t-elle l’occasion d’une nouveau devoir de mémoire, y compris du présent, comme le devraient être les crimes du communisme à l’égal de ceux du nazisme ? Certainement il faut apprendre à ne pas reprocher au Christianisme les crimes de quelques-uns de ses pères, au demeurant à la fois trop et assez peu nombreux au regard de l’Histoire, face aux quatorze siècles de jihad, dont notre aujourd’hui, et peut-être notre futur, deviennent une redoutable acmé. Nous aimerions tant que l’on écoute, plutôt que la torride pulsation du désir de barbarie et de sang, le cri d’alarme pour une civilisation en péril que nous livre Le Livre noir de la condition des Chrétiens dans le monde. Mais aussi, pour reprendre le titre du texte de Jean-Arnold de Clermont, ce « Plaidoyer pour un œcuménisme de paix »… 

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Collectif : Le Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Robert Laffont, 1997.

[4] Benjamin R. Barber : Djihad versus McWorld, Desclée de Brouwer, 1996.

[5] Voir : Sommes-nous islamophobes ?

 

Casere / Kasern, Trentino-Alto-Adige / Südtirol. Photo : T. Guinhut.

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 17:12

 

Temple bouddhique de Panillo, Alto Aragon. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Pourquoi nous ne sommes pas religieux.

 

Faut-il tolérer l’intolérable ?

 

Brian Leiter, Bertrand Russell et Ibn Warraq.

 

 

Brian Leiter : Pourquoi tolérer la religion ?

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Louis Musquens, Markus Haller, 2014, 240 p, 16 €.

 

Bertrand Russell : La Mariage et la morale. Suivi de Pourquoi je ne suis pas chrétien,

traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Gabriel Beauroy et Guy Le Clech,

Les Belles Lettres, 2014, 296 p, 14,90 €.

 

Ibn Warraq : Pourquoi je ne suis pas musulman,

traduit de l’anglais (Etats-Unis), L'Âge d'homme, 1999, 440 p, 25,36 €.

 

 

 

Les religions méritent-elles d’être jetées en enfer ? Jusqu’où faut-il tolérer l’intolérable ? Y compris s’il vient d’une religion… Qu’il vienne d’un dieu ou des hommes, d’une autorité prétendument suprahumaine ou étatique, un commandement religieux, quoique parfois doué d’une réelle hauteur morale, n’est pas pour autant dispensé de se taire devant les droits et les dignités de l’humanité. Ainsi, chacun à leur manière, essayistes et philosophes posent des conditions à la tolérance face aux religions, vont jusqu’à les refuser, non sans réfuter leurs fictions, momeries, fumisteries, supercheries et tyrannies. Malgré les efforts des Pères de l’Eglise accumulant les preuves de l’existence de Dieu, qu’elles soient tirées de la métaphysique, de l’imperfection de l’être humain, de l’idée que nous avons de l’être nécessaire et de l’infini, comme le postula au XVII° siècle Fénélon[1], alors que d’autres n’ont pas manqué de lister celles de son inexistence, comme en 1908 le libertaire Sébastien Faure[2], Dieu est une fiction, comme le propose avec fermeté Alain Nadaud[3], qui sait parfaitement que les dieux de toutes obédiences sont autant d’illusions que les démons du bouddhisme. Brian Leiter propose une prudente et presque décisive « investigation philosophique et juridique » avec Pourquoi tolérer la religion ? Dénonçant la « fumisterie intellectuelle », Bertrand Russell précisait avec fermeté polémique Pourquoi je ne suis pas chrétien, avant qu’Ibn Warraq, avec Pourquoi je ne suis pas musulman, ouvre le bal de son réquisitoire torrentiel et néanmoins informé.

 

      Faut-il être plus tolérant envers les croyances religieuses qu’envers toutes les autres croyances et pratiques de nos sociétés ? Telle est la problématique fouillée par Brian Leiter, philosophe et juriste de l’Université de Chicago. En d’autres termes, respect à priori ou gestion rationnelle ? Lorsque « l’hyper-religiosité » américaine interdirait aux consciences de voter pour un Président athée, lorsque la charia se substitue aux mœurs républicaines, y compris dans des poches grandissantes du monde occidental, faut-il affecter la tolérance vertueuse ou poser les limites nécessaires à l’exercice des libertés ?

      Les religions, sans aucune exception, sont évidemment des fictions. Dont la fonction étiologique et leurs causalités rassurantes n’ont pas reculé autant qu’on aurait pu le supposer devant les avancées scientifiques et la hausse de l’espérance de vie. Imaginant des entités métaphysiques improbables à l’origine des mondes et des vies, leur multiplicité incohérente et leurs intolérances réciproques, invalident forcément leur prétendue universalité.  Chacune, non contente d’occuper le ciel et les consciences, d’y séparer de manière manichéenne le Paradis et l’Enfer, prétend attribuer à ses fidèles, ses officiants et dignitaires un pouvoir temporel plus ou moins absolutiste, s’alliant de plus avec des gouvernants animés des intentions les plus tyranniques. Ce pourquoi la séparation de l’église et de l’Etat, la laïcité, se doivent de poser des limites aux religions, limites sans lesquelles les libertés ne sont plus en sécurité.

        Brian Leiter avoue en tête de son ouvrage être parvenu à des « conclusions plus favorables à la croyance religieuse » qu’il le pensait en initiant son « investigation », qui s’appuie sur l’auteur de la Théorie de la justice, John Rawls et sur John Stuart Mill et son De la liberté. Un Sikh peut-il garder son couteau à l’école, quand un garçon de la campagne ne peut pas ? C’est ainsi que notre essayiste pose le problème. Seul le premier aura gain de cause car sa religion le lui prescrit, non point pour en faire usage contre ses camarades. La religion serait donc exemptée de règles communes ? « L’idéal moral de tolérance », issu de Voltaire et des Lumières,   justifie la liberté religieuse. À moins qu’un Etat tolérant puisse être « soit religieux, soit antireligieux ».

 

Voltaire : Mélanges, Oeuvres, IV, 1764. Photo : T. Guinhut.

 

       La liberté de croyance et de conscience est constitutionnelle dans les démocraties libérales. Elle garantit un « espace privé », ce qui est un « fondement utilitariste de la tolérance », en même temps qu’une prémisse de la recherche de la vérité, voire de la vérité morale. Or, « nous voulons identifier la religion de telle sorte que nous puissions voir pourquoi elle a quelques obligations morales, et éventuellement légale, à être traitée différemment ». Cependant, elle est foi et non raison, quand la raison a failli à répondre à nos questions, quand la foi est une voie (et une identité) plus sûre, plus facile et plus péremptoire que les complexités de la quête de la raison ; au point d’amener ses thuriféraires à une obéissance aveugle, à des actes fanatiques et meurtriers… Qu’en est-il donc des « croyances qui ont pour conséquence probables (mais non certaines) ou qui impliquent des actes portant atteinte à la liberté », ce qui vaut pour bien des religions, et au premier chef l’Islam ? Un discours qui est un danger imminent, comportant « des prescriptions catégoriques odieuses », peut-il être réprimé ?

        C’est alors que l’essai de Brian Leiter, théorique et rigoureux, peut sembler manquer de brio ; il n’en est pas moins une précieuse réflexion, là où l’individu est à la charnière de l’Etat et des religions. Si les religions ne violent en rien le principe de « non nuisance » (c’est la formule de John Stuart Mill), elles ont selon Brian Leiter, droit de cité (dans les deux sens du terme). Sinon, il conviendra d’établir des gardes fous au terme de la loi des démocraties libérales. Si la foi chrétienne (au mépris du message d’amour et de charité du Christ) permet de harceler des homosexuels, d’attaquer des écoles pour leur enseignement des sciences et de Darwin, quoiqu’elle ait pu résister contre le nazisme ou l’apartheid, elle n’est blâmable que pour ne pas respecter l’éthique pacifique de son maître à penser : le Christ.

        Quel « droit de la liberté religieuse dans une société religieuse » ? se demande Brian Leiter. L’Etat doit protéger la liberté de conscience, mais pas au point de « constitutionnaliser un droit à la désobéissance civile », qui risque d’outrepasser celle de Thoreau[4]. En ce domaine les religions ne peuvent avoir plus de droits que les militants végétaliens de la « libération animale », ou anticapitalistes, qui, armés de leurs convictions plus ou moins rationnelles et justifiables, intentent des actions délinquantes et destructrices. « Les exemptions de lois généralement applicables pour des motifs de conscience qui n’imposent pas de fardeau aux autres » ne paraissent pas devoir poser problème. Quoique l’Etat ne doive pas « faire passer les revendications de conscience religieuses avant ses autres objectifs moraux importants, comme la sécurité, la santé, le bien-être, l’égalité de traitement devant la loi »…

      Est-ce à dire qu’il n’est pas tendre avec la laïcité à la française ? Si l’on doit avec lui  déduire qu’en vertu du fait que le voile ne nuit ni à l’espace public ni à autrui, il demeure licite. Si cet argument est fort solide en apparence, permettant à Brian Leiter de requérir que cette interdiction est « un cas d’intolérance inadmissible » envers l’Islam, il reste que le voile, y compris consenti, quoique le plus souvent tyranniquement imposé, outre qu’il est attentatoire à la dignité de la femme, est l’un des chevaux de Troie de l’Islam et par voie de conséquence de l’islamisme coercitif et assassin (en cela comparable au nazisme -ce que notre essayiste envisage avec trop de prudence- dont les signes ostentatoires sont interdits), même s’il est hors de question de réduire tous les Musulmans au terrorisme. Il ne s’agit pas d’éradiquer des croyances, mais la charia installée aux dépends de la loi républicaine, mais des pratiques concrètement liberticides. Il faut admettre cependant que cette interdiction ne résout pas grand-chose, sans compter qu’elle n’est guère appliquée, faute de la fermeté d’un Etat pusillanime qui devrait de la même façon aller en toute cohérence au bout du raisonnement : interdire le Coran et ses appels au meurtre des impies, fermer les mosquées et les écoles coraniques dont la vocation dépasse la simple prière intime. Tâche épineuse, voire irréalisable, censure insupportable et persécution, protection des libertés ? Est-il sûr que Brian Leiter, en son essai rigoureux et si souvent pertinent, attentif qu’il est aux « Chrétiens réactionnaires » américains, soit assez averti au sujet de l’Islam ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        La brièveté de l’essai du philosophe analytique Bertrand Russell (1872-1970) n’entrave en rien sa force percutante et l’efficacité de son argumentation. Pourquoi je ne suis pas chrétien (1927) peut ne paraître qu’un addenda à une plus large réflexion sur Le Mariage et la morale, mais non content d’en être le corollaire, il en est l’acmé.

         Dès la préface, écrite dans les années cinquante, il « considère sans exception les grandes religions du monde -le bouddhisme, l’hindouisme, le christianisme, l’islam et le communisme- comme fausses et néfastes ». L’ironie est corrosive, imaginant une divinité « se considérant récompensée par l’apparition finale d’Hitler, de Staline et de la bombe H. » De plus, la foi ne peut être ébranlée par une preuve contraire, ce qui l’entraîne à rêver d’un « monde libéré de la brutalité des groupes hostiles » et du fanatisme.

        Pourquoi, avec Bertrand Russell, ne sommes-nous pas chrétiens ? Avec lui, nous récusons les prétendus arguments rationnels de l’existence de Dieu : « cause première », « loi naturelle », « plan » intelligent, « argument moral » et « remède à l’injustice »… « Pensez-vous que si l’on vous accordait l’omnipotence et l’omniscience et des millions d’années pour perfectionner le monde, vous ne pourriez rien créer de mieux que le Ku Klux Klan ou la fascisme ? », modestes exemples auxquels il faudrait ajouter (entre autres) Gengis Khan, Mahomet, Lénine, Staline et Mao…

         Or « ce qui les persuade de croire en Dieu, ce n’est pas du tout un argument intellectuel. La plupart des gens croient en Dieu parce qu’on leur a appris à le faire dès leur petite enfance ». Ce à quoi il faudrait ajouter l’emprise de la « dérive sectaire », qui allie totalitarisme, prosélytisme et persécution[5]. Ce qu’il n’impute guère au Christ, auquel il reconnait plus d’une « excellente maxime », quoiqu’il lui reproche « une doctrine de cruauté » : en « laquelle le feu de l’enfer est la punition des péchés ». Selon Russel, la religion ne pousse pas toujours les gens à la vertu, et « bien des chrétiens se sont signalés par leur extrême méchanceté ». Il poursuit son réquisitoire en montrant « comment les Eglises ont retardé le progrès », en accablant l’indissolubilité du mariage, ce à quoi il pourrait ajouter aujourd’hui le refus de la contraception et de l’avortement… Il conclue avec verdeur en taxant la religion de « conception tirée du vieux despotisme oriental ». Que dirait-il en voyant l’état alarmant de l’Islam ?

      Lorsqu’ensuite Bertrand Russell demande : La religion a-t-elle contribué à la civilisation ? », un plus que rien de mauvaise foi l’emporte. C’est faire fi des cathédrales et des bibliothèques abbatiales, de l’art chrétien, du libre-arbitre selon Saint-Thomas d’Aquin, de l’éclosion de l’athéisme qui est le corollaire du doute du Christ sur la croix, du pardon toujours possible, de la séparation de l’église et de l’Etat… Si notre philosophe expert en « fumisterie intellectuelle[6] », pèche parfois par son talent polémique à l’emporte-pièce, il fait cependant preuve, sans la moindre langue de bois, d’une rafraichissante et vigoureuse argumentation en faveur de la liberté et de la paix des mœurs.

        En dépit du pacifisme du Christ, il faut à son égard rester méfiant. Tonnant contre ceux qui ne sont pas avec lui, il leur assure bien les flammes et la damnation éternelle. Mais cela, ce n’est après la mort, nous direz-vous ; certes, mais la tentation peut être grande pour ses affidés d’étendre ce châtiment avant le passage en l’autre monde et d’user de la folie de Dieu par la main vengeresse des hommes sur d’autres hommes, ce dont témoignèrent l’inquisition, les guerres de religions ou le procès assassin du Chevalier de la Barre, dénoncé par Voltaire au XVIIIème. Le dieu de l’Ancien Testament est quant à lui plus explicitement vengeur, risquant alors d’offrir un exemple de comportement à ses sujets ; ce que souligne Peter Sloterdijk : « les premiers portraits de Yahvé, le Seigneur d’Israël, sont tissés d’anthropomorphismes (ou plutôt d’anthropopsychismes) manifestes. Tout lecteur de la Bible a pu se convaincre du fait que le Dieu de l’Exode unit encore les traits d’un démon climatique théâtral à ceux d’un warlord mugissant et qui ne se maîtrise pas. » Cependant, on a pu interpréter, après le Déluge, l’apparition de l’arc-en-ciel comme « un symbole de tolérance important pour les deux parties, qui doit exprimer sa volonté qu’un tel acte de destruction ne se répète jamais[7] ». Comme lorsque les Erinyes de la mythologie grecque, ces déesses infernales de la vengeance qui poursuivent le crime, deviennent les Bienveillantes, envisageant le pardon.

        « En admettant que Dieu ne soit pas mort, est-ce trop demander à ses fidèles que de mettre un peu d’eau relativiste dans leur vin d’absolu ? », souligne le préfacier de Brian Leiter, Pierre Brunet. Hélas, la religion la moins capable de diluer son absolutisme, de par la nature de ses textes fondateurs, aussi bien que par le comportement intolérant et meurtrier de nombre de ses zélotes, est bien l’Islam. Ne faut-il pas imaginer, du fait de ce statut d’exception, de penser une exception dans la tolérance universelle et naïve ? Avec la méfiance suivante : l’Etat n’est pas forcément le mieux placé pour être justement intolérant...

 

Valle de Casies, Trentino Alto-Adige / Südtirol. Photo : T. Guinhut.

      La différence entre le Christianisme et l’Islam est fondamentale. Si les Juifs ont abandonné la virulence des Zélotes qui s’appuyait sur celle du dieu vengeur de la Bible, quoique plus que tempérée par le « Tu ne tueras point » de Moïse, le premier, dans ses textes fondateurs des Evangiles, n’ordonne pas l’ombre d’une violence, sépare l’Eglise de l’Etat (« Il faut rendre à César ce qui est à César ») et pardonne à la femme adultère en déniant au pécheur le droit de châtier, a fortiori jusqu’à la mort. En revanche, l’Islam, en son Coran, ordonne : « Les hommes ont autorité sur les femmes » […] « celles dont vous craignez la religion, reléguez les dans les dortoirs, battez-les » ; quant à celles « qui sont perverses » […] faites-les demeurer dans les maisons  jusqu’à ce que la mort les enlève[8] ». De même, il ordonne la décapitation des infidèles : « Quand vous rencontrez des effaceurs [du sentier d’Allah] frappez-les à la nuque, jusqu’à les abattre ». Il est à noter que ce sont sourates et versets de Médine, les plus chargés en djihad, qui abrogent ceux de la Mecque, antérieurs, s’ils viennent les contredire. Sans compter l’incohérence du livre, comme le trop fameux « Nulle contrainte en créance[9] », (ou en religion), vite contredit par l’injonction à tuer les apostats : « Allah ne pardonne pas aux effaceurs qui se détournent du chemin d’Allah et meurent en effaceurs[10] ».

       L’écrivain et poète contemporain Abdelwahad Meddeb[11] compare l’intégrisme de l’Islam à deux autres « maladies » : l’intolérance pour le catholicisme, le nazisme pour l’Allemagne. Passons sur des proportions certainement discutables. Il impute à la crispation historique de l’Islam la pulsion totalitaire qui irrigue le wahhabisme, le salafisme, les Frères musulmans, Al Qaïda, et autres fanatismes islamiques, mais aussi la généralisation excessive de l’accès à la lettre du livre saint à des incultes d’abord inquiets de leur jouissance du pouvoir et du sadisme, sans compter le ressentiment contre la réussite occidentale. Mais c’est un peu rapidement oublier la tradition modelée par leur prophète : guerre de conquête et massacre, pillage, esclavage et infiltration par la dissimulation. Abdelwahad Meddeb veut pourtant conclure son essai sur une note d’espoir, en citant un récent ministre de l’Education nationale tunisien, Mohamed Charfi : « l’enseignement dans les pays arabo-islamique […] a besoin d’être expurgé de tous les propos contraires aux droits de l’homme et aux fondements de l’Etat moderne[12] ». Il s’appuie également sur les versets semblables à « Nulle contrainte en créance », comme « Que celui qui le veut croie et que celui qui le veut reste incrédule[13] », ce qui, selon les uns, est invalidé par la suite, « Nous avons allumé des brasiers chez les méchants », ou, selon des commentateurs comme Râzî, devrait suspendre la notion de djihad. Vœu pieux ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Certes, nous l’avons dit, tout fidèle, et surtout détenteur du pouvoir, d’une religion, peut s’emparer de son drapeau pour commettre des abominations, ainsi firent le Ku Klux Klan en lynchant des hommes noirs, l’Eglise catholique en armant l’inquisition. Cependant, le Chrétien le fait en conspuant le message du Christ, quand le Musulman le fait en suivant à la lettre la vérité[14] indiscutable de son prophète : « le croyant ne doit pas avoir de repos tant qu’il vit dans un système politique non islamique ; sa vie ne prend de sens que si elle est consacrée à faire tomber la puissance étrangère dominante. » Ainsi Peter Sloterdijk explicite-t-il le « petit djihad », ce combat guerrier opposé et complémentaire au « grand jihad » qui, lui, est intérieur. Avant de conclure : «  Leurs actes peuvent bien être répugnants, leurs citations sont sans erreurs[15]. » Il s’agit évidemment d’erreurs philologiques et non morales…

        Il y a une religion tolérable, et une autre intolérable, à moins qu’elle observe la modération au point de récuser ses horreurs, au point d’être compatible avec la démocratie libérale issue des Lumières. Car « Allah est semblable au lion par la violence », relève Pietro Citati, qui, avec pertinence, range l’Islam parmi « les grands mythes dans l’histoire du monde[16] ». Il faudrait alors pratiquer sur le Coran une opération chirurgicale douloureuse et cependant indispensable, en effectuant l’ablation de tous les versets violemment sexistes et précisément guerriers à l’égard des infidèles, des apostats, du blasphème. Extraction d’une involution cancéreuse, amputation de deux membres, ou lobotomie du cœur et du système nerveux complets ? Sans oublier les hadiths et leur obsession du djihad, les fatwas, leur justice faite de châtiments corporels blessants et mortels, ainsi que les obligations connexes, quoiqu’elles ne soient pas toujours fondées sur le Coran : voile, excision…

          Pour ne pas, en cette critique sans fard, nous taxer d’ethnocentrisme, il n’est pas inutile d’aller voir du côté d’un intellectuel américain natif de l’aire arabo-musulmane (en l’occurrence du Pakistan) : Ibn Warraq. Loin d’être une creuse diatribe, son Pourquoi je ne suis pas Musulman, est un festival d’argumentations aussi précises qu’imparables. Bertrand Russell aurait jubilé. Préfacé par Taslima Nasreen, dont la féminité et l’intellect eurent à souffrir de l’Islam, cet essai encyclopédique semble né à l’occasion de l’affaire Rushdie[17], à laquelle il consacre son premier chapitre : une sorte de boutefeu du réquisitoire au rang du grand art. Car tout est bois sec pour l’incendie conceptuel qui s’empare des pages aussi vives que rigoureuses d’Ibn Warracq. Les origines de l’Islam, qui s’extrait avec peine des religions précédentes, dont le mazdéisme, qui pilla outrageusement la Bible, le goût du surnaturel échevelé digne des Mille et une nuits, quand Mahomet fait son ascension au paradis, les crimes de ce dernier qui pratiqua « l’assassinat politique » et le « massacre des Juifs », les sources plus que discutables du texte sacré, biaisé par ses « versets sataniques », détruites par ses sectateurs avec la mort du prophète[18], les « erreurs historiques » du Coran, la « nature totalitaire » du message, la séparation fratricide entre Chiites et Sunnites, l’incompatibilité avec les droits de l’homme, avec la démocratie et la tolérance, la « peur irrationnelle et injustifiée de l’Occident », le « colonialisme islamique », le « racisme arabe », le statut infamant des Juifs et des chrétiens, dhimmis ou morts, la révérence envers la soumission et la servitude, la négation de toutes les religions qui ne sont pas du livre, la haine absolue et assassine des apostats et des athées, le mythe de l’âge d’or andalou, parmi quatorze siècles et trois continents de tyrannie (et bientôt plus, si l’on n'y prend garde), l’irréfragable infériorité de la femme, voilée, lapidée, vendue, la propagation de l’esclavage, les grotesques « tabous : vin, porcs et homosexualité », la superstitieuse, antiscientifique et antihygiénique séparation entre halal et haram, sans oublier à l’occasion du dernier chapitre, le sommet de l’abomination, ou la bassesse de la prosternation, comme vous voudrez, la faiblesse de l’Occident devant l’Islam et sa « trahison des intellectuels ». Car Les Islamistes sont déjà là, rivalisant de « fascisme vert », s’il faut en croire le livre de deux Christophe[19] qui ont réalisé en France une édifiante « enquête sur une guerre secrète ». N’en jetez plus, la cour est pleine d’ordures qui empuantissent l’humanité…

 

 

        Aucun des points du réquisitoire d’Ibn Warracq n’est jeté au hasard : la connaissance des textes et de l’Histoire est validée par des notes, une bibliographie impressionnante. Et pourtant, « la civilisation islamique est souvent parvenue au sommet de sa splendeur malgré l’Islam 1 et l’Islam 2, et non pas grâce à eux », le 1 étant le Coran, le 2 les hadiths et la charia, le 3 étant « ce que les musulmans réalisent, c’est-à-dire la civilisation islamique », et, à son meilleur, la philosophie, l’art et la littérature.

        Il faut dire que, « sans complaisance » aucune pour son sujet, l’essayiste, reprenant à l’épigraphe Renan (« Affranchir le musulman de sa religion est le plus grand service qu’on puisse lui rendre »), s’appuie et avec perspicacité sur des philosophes du libéralisme politique et économique, garants des valeurs universelles de liberté individuelle : John Stuart Mill et Friedrich A. Hayek.

        Si nous ne sommes pas religieux, et ce par l’exercice de la raison et de la liberté, nous tolérerons et respecterons les religions paisibles, qui, tout au moins pour cette qualité, et de plus pour leur dimension de spiritualité et de savoir théologique, voire leur nécessité de transcendance, permettent de mériter que nous puissions être religieux. Ainsi Milton usa en 1644 de l’argument théologique pour défendre la liberté de la presse : « Nombreux sont ceux qui blâment la divine Providence d’avoir toléré la transgression d’Adam : bavardages d’insensés ! quand Dieu lui donna la raison, il lui donna la liberté du choix, sinon il n’eût été qu’un Adam artificiel comme on en voit aux marionnettes[20]. » A contrario, et en vertu de la légitime défense des libertés, nous devrons ne pas tolérer l’intolérable des religions tyranniques, auxquelles il faudra bien poser un mors à leurs sanglantes dents. Faut-il se demander si Giovanni di Modenna, peintre de l’Enfer en San Petronio de Bologne, qui vit en 2014 sa fresque menacée d’être détruite par les Musulmans, a eu raison d’y placer un Mahomet, dont l’âme est dépecée du corps par un diable ?

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 


[1] Fénélon : Traité de l’existence et des attributs de Dieu, Œuvres, t I, J. A. Lebel, 1820.

[2] Sébastien Faure : Douze preuves de l’inexistence de Dieu, L’Herne, 2018.

[3] Alain Nadaud : Dieu est une fiction, Serge Safran, 2014.

[4] Voir : Thoreau : le Journal de la désobéissance civile en question

[5] Anne Fournier et Michel Monroy : La Dérive sectaire, PUF, 1999.

[7] Peter Sloterdijk : Colère et temps, Hachette Pluriel, p 110 et 111.

[8] Le Coran, traduction André Chouraki, Robert Laffont, 1990, IV, 34 et 15.

[9] Le Coran, ibidem, II, 256.

[10] Le Coran, ibidem, XVVII, 35.

[11] Abdelwahad Medded : La Maladie de l’Islam, Seuil, 2002.

[12] Abdelwahad Medded : ibidem, p 219.

[13] Le Coran, XVIII, 28-29 ; Chouraqui : « Qui le décide, qu’il adhère ! Qui le décide, qu’il efface ! »

[15] Peter Sloterdijk : La Folie de Dieu, Maren Sell, 2008, p 96.

[16] Pietro Citati : La Lumière de la nuit. Les grands mythes dans l’histoire du monde, L’Arpenteur, Gallimard, 1999.

[18] Ce que l’on retrouve dans le livre de l’historien Maxime Rodinson : Mahomet, Seuil, 1968.

[19] Christophe Deloire, Christophe Dubois : Les Islamistes sont déjà là, Albin Michel, 2004.

[20] John Milton : Areopagitica pour la liberté d’imprimer sans autorisation ni censure, Aubier-Montaigne, 1956, p 163.

 

Santo Domingo de la Calzada, La Rioja. Photo : T. Guinhut.

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 09:56

 

La Alhambra, Grenada. Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam.

 

 

 

« Il ne faut pas juger », entend-on trop souvent… Alors à quoi servent connaissance, entendement, raison ? On supposera que sur le terrain de la justice intellectuelle, un érudit des cultures, un ethnologue de renommée mondiale tel que Claude Lévi-Strauss soit à même de porter de judicieux jugements. Pourtant, il y a peu de doutes que bien des pudeurs et bienpensances pousseraient aujourd’hui des cris d’orfraies, le vouant aux gémonies, en relisant les pages qu’à l’Islam il consacra parmi ses Tristes tropiques. Sur quoi s’appuie donc le blâme de cette religion dans une œuvre consacrée au point d’être entrée dans La Pléiade ?

 

 Comme l’historien, l’ethnologue devrait pouvoir faire l’examen des peuples qu’il visite sans porter de jugement, ou, plus exactement, en ne manifestant ni sympathie ni antipathie. Cependant lorsqu’en ses Tristes tropiques, Claude Lévi-Strauss observe au Brésil les Indiens Nambikwara, il ne manque pas de noter qu’ils « sont hargneux et impolis jusqu’à la grossièreté. » Ne s’agit-il que d’un jugement européanocentré, en lequel la politesse viendrait de la « polis » grecque et de la courtoisie de Batalsar Gracian[1] ? Peu après, il conclue le chapitre XXVII ainsi : « On devine chez tous une immense gentillesse, une profonde insouciance, une naïve et charmante satisfaction animale, et, rassemblant ces sentiments divers, quelque chose comme l’expression la plus émouvante et la plus véridique de la tendresse humaine[2] ». Nul doute que cette tendresse humaine relève de l’universalité, nonobstant le fait que « la société occidentale était la seule à produire des ethnographes ; que c’était là sa grandeur[3] ». Observation objective, dégoût, et amitié se partagent donc les « carnets de notes » du voyageur (car l’on sait combien cet ouvrage scientifique est également récit de voyage et autobiographie). L’ethnologue, dont « La pensée sauvage » parcourut toutes les Amériques avec une patience infinie envers les populations indigènes, se trouve bien moins patient lorsqu’à l’occasion de son retour, au cours d’un séjour en Inde, et avec une rare conviction, il blâme l’Islam :

« L’Islam me déconcertait par une attitude envers l’histoire contradictoire à la nôtre et contradictoire en elle-même : le souci de fonder une tradition s’accompagnait d’un appétit destructeur de toutes les traditions antérieures. […] Sur le plan moral, on se heurte à la même équivoque d’une tolérance affichée en dépit d’un prosélytisme dont le caractère compulsif est évident. En fait, le contact des non-Musulmans les angoisse. […] les Musulmans tirent vanité de ce qu’ils professent la valeur universelle de grands principes : liberté, égalité, tolérance; et ils révoquent le crédit à quoi ils prétendent en affirmant du même jet qu’ils sont les seuls à les pratiquer.  […] Vous inquiétez-vous de la vertu de vos épouses ou de vos filles pendant que vous êtes en campagne ? Rien de plus simple, voilez-les et cloîtrez-les. C’est ainsi qu’on en arrive au burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique. […] Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien du dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables ; car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui. […] Ne consacrerions nous pas notre perte si, renforçant notre erreur de celle qui lui est symétrique, nous nous résignions à étriquer le patrimoine de l’Ancien Monde à ces dix ou quinze siècles d’appauvrissement spirituel ».

Dans le cadre d’une comparaison entre Bouddhisme, Christianisme et Islam, ne prétend-il pas que ce dernier est « la pensée religieuse […] la plus dangereuse des trois » ? Le point culminant pour nos oreilles est peut-être ici : « il m’a fallu rencontrer l’Islam pour mesurer le péril qui menace aujourd’hui la pensée française. Je pardonne mal au premier de me présenter notre image, de m’obliger à constater combien la France est en train de devenir musulmane.[4] » On admirera la préscience du maître. Non seulement, il publie Tristes tropiques en 1955, mais il n’a pas cru devoir en retrancher une ligne lors de sa réédition définitive, en 2008, dans la collection de La Pléiade.

Pourtant Claude Lévi-Strauss avait pris soin dans ses pages d’énoncer qu’ « aucune société n’est foncièrement bonne ; mais aucune n’est absolument mauvaise.[5] » Et de s’appuyer sur « la fraternité humaine[6] ». C’est dire combien l’Islam le révulse. Au point qu’il persiste et signe en 2003 dans un entretien accordé au Magazine littéraire : « J’ai commencé à réfléchir à un moment où notre culture agressait d’autres cultures dont je me suis alors fait le défenseur et le témoin. Maintenant, j’ai l’impression que le mouvement s’est inversé et que notre culture est sur la défensive vis-à-vis des menaces extérieures, parmi lesquelles figure probablement l’explosion islamique. Du coup je me sens fermement et ethnologiquement défenseur de ma culture[7] ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Y-a-t-il contradiction dans la pensée de Claude Lévi-Strauss ? L’on sait en effet combien il s’insurge contre le racisme dans le fameux opuscule Race et histoire[8], publié en 1951. Dans lequel il réfute la thèse racialiste sur « l’inégalité des races humaines » de Gobineau, affirme la pluralité et l’interaction des cultures, tout en accordant à l’Occident la qualité de « culture cumulative », de par ses progrès, non pas dus au prétendu génie de la race mais à des conditions locales objectives, sans vouloir juger de la supériorité des cultures. Mais à cet irénisme, en 1971, il apporta, au moyen de Race et culture, une réfutation nécessaire :

« Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité règneront un jour entre les hommes, sans que soit compromise leur diversité. Mais si l’humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice des seules valeurs qu’elle a su créer dans le passé, capable seulement de donner le jour à des ouvrages bâtards, à des inventions grossières et puériles, elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs, pouvant aller jusqu’à leur refus sinon même leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui, et se maintenir différent. Pleinement réussie, la communication intégrale avec  l’autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l’originalité de sa et de ma création.[9] »

En d’autres termes, notre ethnologue affirme le droit à l’identité culturelle, avant qu’elle ne devienne une Identité malheureuse, malgré les limites conceptuelles du terme identitaire, et pour reprendre le titre de Finkielkraut[10]… De plus, l’indignation contre tout racisme, cohérente avec le sens de la dignité humaine, rencontre alors ce même sens de la dignité humaine bafoué par l’Islam lorsque ce dernier bâche le corps et la liberté féminine, lorsqu’interdisant l’apostasie et le blasphème il est fondamentalement attentatoire envers la liberté politique et de conscience qui fonde l’Occident et ses Lumières.

 

 

Certes, redisons-le, si besoin est, ce réquisitoire adressé à quatorze siècles d’islam, qui voudraient se cloner pour castrer notre à peu de choses près bel aujourd’hui issu du progrès des sciences et des Lumières, ne comprend pas en son sein tous les Musulmans. Car, outre la diversité géographique et culturelle de l’aire islamique, sans compter ses créations littéraires, poétiques, plastiques, architecturales et philosophiques, les individus qui composent aussi bien le cœur que la diaspora musulmans peuvent savoir vivre leur religion non seulement d’une façon discrète, mais laïque, respectueuse des usages et des mœurs des civilisations occidentales et orientales. Ce dans le cadre d’une sécularisation de l’Islam et d’une fragmentation, d’un délitement de sa vérité[11], voire d’un Islam des Lumières cohérent avec les libertés individuelles… Certainement Claude Lévi-Strauss, dont l’islamophobie[12] est somme toute raisonnée, n’aurait pas dérogé à cette argumentation nuancée, ce pourquoi nous ne lui intenterons pas de mauvais procès, pas la moindre reductio ad hitlerum.

 

Il y a bien liberté et nécessité à juger, à intellectuellement discriminer. Au-delà de l’honnêteté qui consiste à réserver son jugement si l’on sait ne pas disposer de suffisamment d’éléments, au-delà de l’argument d’autorité qui consiste à se placer sous le patronage de Claude Lévi-Strauss, toute démarche d’humanité doit exercer sa capacité à juger dans le respect des valeurs de tolérance mutuelle et de liberté. C’est d’ailleurs en 1976 que l’auteur du Cru et le cuit[13] publia ses « Réflexions sur la liberté[14] ». Dans lesquelles il pointe la « date relativement récente » de ce concept, « qu’une fraction de l’humanité adhère » à ce « caractère distinctif de la volonté humaine ». Au-delà des embûches, « entre le fanatisme spontané » et « le dirigisme », le « caractère relatif » et « arbitraire » de la notion de liberté rend difficile son expression. Il s’agit pourtant de « fonder les droits de l’homme sur sa nature, non pas d’être moral, mais vivant ». Ce qui inclut la préservation des espèces, de notre environnement, y compris culturel. Si les libertés sont « faites d’héritage, d’habitudes et de croyances qui préexistent aux lois », elles doivent rendre possibles de se libérer de toutes ces dernières, dans le respect, au sens kantien, de la liberté d’autrui. Mieux, s’appuyant sur Renan, notre ethnologue conspue « l’impertinence vaniteuse de l’administration » (autre mot pour l’Etat) « qui, sur tout citoyen, fait peser une insupportable dictature ». Serait-ce à dire qu’attaché à Montesquieu, il est enfin un libéral ? Pour conserver toute la vitalité de notre liberté, devant une possible « explosion de l’Islam », ou plutôt, espérons-le, sa libéralisation peut-être en cours, et si c’est encore possible, nous ne pouvons que nous faire les défenseurs de la culture de Claude Lévi-Strauss…

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[2] Claude Lévi-Strauss : Tristes tropiques, Œuvres, La Pléiade, p 292 et 293.

[3] Ibidem p 417.

[4] Ibidem, p 430 à 438.

[5] Ibidem, p 414.

[6] Ibidem, p 421.

[7] Recueilli par Dominique-Antoine Grisoni, « Un dictionnaire intime », Magazine littéraire, hors-série, 2003.

[8] Claude Lévi-Strauss : Race et histoire, Folio essais, 2007.

[9] Claude Lévi-Strauss : « Race et culture », Le Regard éloigné, Plon, 1983, p 47.

[13] Claude Lévi-Strauss : Mythologiques I, Le Cru et le cuit, Plon, 1964.

[14] Claude Lévi-Strauss : « Réflexions sur la liberté », Le Regard éloigné, Plon, 1983, p 371 à 382.

 

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 12:33

 

Céramique islamique, Iran médiéval, Musée d'Agesci, Niort, Deux-Sèvres.

Photo : T. Guinhut.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vérité d’islam et vérités libérales :

 

Philippe d’Iribarne, Elisabeth Schemla,

 

Thilo Sarrazin.


 

 

 

 

 

 

Philippe d’Iribarne : L’Islam devant la démocratie,

Le Débat, Gallimard, 192 p, 16 ,90 €.

 

Elisabeth Schemla : Islam, l’épreuve française, Plon, 272 p, 14,90 €.

 

Thilo Sarrazin : L’Allemagne disparaît, Le Toucan,

traduit de l'allemand par Jean-Baptiste Offenburg, 496 p, 25 €.

 

 

 

Bienpensants, ne lisez pas ces trois livres : ils sont désespérants. Cependant indispensables. Ne censurez pas ces trois livres : ils sont choquants. Cependant réalistes. De l’exagération qui assène que « l’Allemagne disparaît », en passant par le modéré présentant l’islam comme une « épreuve française », jusqu’au plus apaisé dans lequel ce dernier répondrait présent « devant la démocratie », ce qui signifierait qu’il se présente devant elle en toute dignité, l’affaire pourrait paraître entendue, c’est-à-dire euphémisée, voilée : une hyperbole grotesque, populiste, nationaliste et xénophobe, une incapacité de la France à passer l’épreuve de la tolérance, un islam démocratiquement soluble. Pourtant, à la lecture de ces trois ouvrages, il serait plus juste d’aboutir à la vérité suivante : devant l’épreuve de la vérité de l’islam, la France, l’Allemagne, la civilisation démocratique toute entière, sont menacées, si l’on n’y prend garde, de disparition.

Si les essais de Shemla et de Sarrazin sont bien des réquisitoires, celui de d’Iribarne est plus modéré, quoique sans appel. Malgré quelque manque de concision, redites et précautions rhétoriques qui ternissent l’efficacité de l’ouvrage, cette réflexion informée, argumentée, parvient à une thèse claire et nette : l’incompatibilité atavique de l’islam et de la démocratie libérale. S’intéressant à « l’univers mental » de l’islam, et au-delà des différences, du Maroc à l’Indonésie, venues de la permanence des cultures locales, l’auteur pointe une évidente unité désastreuse. En tant que système de pensée, il est bien responsable de ses errements, de ses tyrannies : « La vision coranique de la certitude tend alors à apparaître comme une trace contingente, à laquelle il est temps de renoncer, d’une société tribale ». Dans laquelle « La crainte de l’incertitude, du doute, de la division » va de pair avec le culte d’une vérité révélée monolithique qui innerve tous les aspects aussi bien de la vie quotidienne que de la pensée. L’islam voit « l’intelligence comme s’épanouissant dans la contemplation du vrai, non dans le doute et le débat ». De plus il n’est « guère pensable que la connaissance philosophique vienne questionner l’obéissance à la lettre du Livre saint ». Ce dernier n’utilisant que l’impérieuse assertion, écartant tout doute, toute altérité, avec violence. En évidente opposition avec l’Aufklärung de Kant qui, dans « Qu’est-ce que les Lumières ? », intimait : « Ose savoir ! », et encourageait la sortie de toute tutelle de l’individu qui devra apprendre à penser par la raison et par soi-même.

La raison d’islam n’a rien à voir avec la raison occidentale : elle est divine et non humaine, elle est soumission à la tyrannie théocratique et non libération des préjugés et de l’injonction obscurantiste religieuse. Elle est unicité et non pluralisme. De plus, fondée sur l’unanimité et la tradition, la certitude de la charia ne peut en aucun cas évoluer, partageant abruptement et superstitieusement le monde entre halal et haram, le pur et l’impur. Il n’y a donc pas de salut libéral à attendre de l’islam. Ce qui n’est pas de l’ordre d’une « essence de la religion », puisque, note avec justesse D’Iribarne, citant avec abondance les quatre Evangiles, le christianisme (malgré ses tentations et crispations dogmatiques qui ont parfois été violentes au cours d’une Histoire heureusement révolue), dans le cadre de son attachement à l’esprit aux dépens de la lettre, reconnaît le pluralisme des opinions et le débat. Et, surtout, pratique le pardon. Toutes les religions ne se valent donc pas.

L’avenir de la démocratie en terres d’Islam ne peut être que sombre, malgré les aspirations des uns et des autres. En dépit du poids des Histoires coloniales (bénéfiques lorsqu’elles éradiquèrent l’esclavage, favorisèrent l’éducation, le développement) et des régimes autoritaires qui leur ont succédé, c’est bien le consensus religieux dictatorial qui, faute d’être jetée aux orties, invalide l’espérance démocratique libérale. Seuls l’individualisme et l’éducation libérale, aussi bien culturels qu’économiques, mais aussi la fascination pour les modes de vies occidentaux (à conditions qu’ils ne se suicident pas par socialisme[1] et par lâcheté devant l’islam) permettront d’ouvrir des brèches. Hélas, note d’Iribarne, l’islam est affecté par « la même tentation » que celle du « refus, pendant des décennies, de regarder en face tout ce qui troublait l’image du communisme comme force de progrès ». Comme quoi l’enracinement idéologique est profond, y compris en faveur de la prison volontaire contre la réalité des bénéfices de la liberté.

Cependant, il est évident que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, des bâcheurs, frappeurs et exciseurs de femmes, des guerriers de la foi, des tueurs de Juifs, de Chrétiens et d’athées… Que nombre d’entre eux, y compris quelques imams, ont choisi d’oublier ces pratiques barbares pour entrer dans le monde plus ouvert de la tolérance, de la science et de la paix. Que nombre d’entre eux choisissent leur degré d’adhésion à la vulgate coranique et à ses règles, ne gardant « qu’une référence identitaire et le respect de quelques rites ». Qu’ils ont déjà fait ce qui devrait être fait du texte du Coran : le vider de tous ses commandements intolérables à l’égard des femmes, à l’égard des autres religions et de l’apostasie, le vider du jihad, de toutes ses violences. Pensons également à tout ce que les commentateurs, docteurs, imams et auteurs de fatwas surajoutent à cet atavique et obscurantiste étranglement des libertés, comme l’interdiction de la représentation du corps et de l’image du dieu et de son prophète. Sans compter que pour être réellement compatible avec la démocratie libérale il faudra adjoindre à ces versets ainsi révisés un concept fondamental : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (disait le Christ), c’est-à-dire la séparation de l’église et de l’état. Aggiornamento hélas rarement observé et difficilement concevable quand la « Déclaration islamique universelle des droits de l’homme » assène : « La rationalité en soi, sans la lumière de la révélation de Dieu, ne peut constituer un guide infaillible dans les affaires de l’humanité ». Ou encore : « Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la charia ». Risible liberté ! Dans le cadre de laquelle il ne peut y avoir de salut pour un Salman Rushdie[2] et pour la moindre réflexion de philosophie politique. A moins que l’espoir de sécularisation prenne naissance en de jeunes générations révoltées par le carcan des pères…

 

L’islam n’est évidemment pas compatible avec la démocratie. Sauf si l’on entend démocratie au sens strict, lorsque le peuple et sa volonté générale élisent un parti islamique et théocratique. L’islam est alors démocratie, c’est-à-dire tyrannie majoritairement consentie, désirée. Mais s’il s’agit d’employer le concept -seul acceptable- de démocratie libérale, alors oui, l’islam n’est pas un instant libertés. Si nous ne confondrons pas là musulmans et islam, car les premiers peuvent être parfois des individus libres réservant la religion à la sphère intime, le second est forcément -et étymologiquement- soumission à un cruel totalitarisme. Les exemples de cette vérité de l’islam imposée sont hélas légion, ne serait-ce qu’au travers du livre d’Elisabeth Shemla :

C’est au pays de Voltaire et de Tocqueville, de Proust et de San Antonio, qu’une religion veut écarter, ostraciser et lapider nos modes de vie, notre droit, jusqu’à la Déclaration universelle des droits de l’homme, éradiquant la liberté de conscience, de religion et d’athéisme. Il est alors heureux d’imaginer qu’Elisabeth Shemla, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, qui fut rédactrice en chef du Nouvel Observateur, ne puisse être affligée du soupçon grotesque d’islamophobie au sens primaire du terme[3]. Ce n’est ni par racisme, ni par xénophobie qu’elle assemble sous nos yeux les preuves de l’infiltration de notre société laïque et républicaine par les vagues et les poches en expansion de l’islam radical. Mais par lucidité et par amour raisonné de nos libertés déjà écorchées.

C’est moins par le terrorisme que par insidieuse influence que l’islam conquiert la France. Certes, dans le sillage de la martyrologie associée à Merah, des groupuscules s’excitent et fomentent des attentats. Le culte du héros, le goût atavique de la guerre, parfaitement cohérent avec le personnage criminel et pillard de leur prophète, est de plus en plus d’actualité parmi les jeunesses musulmanes : « Une bonne partie d’entre eux […] ont éprouvé de la satisfaction et de la fierté pour le jihad mené par Mérah », souligne Elisabeth Schemla. Leur antisémitisme est obsessionnel. On les « élève dans la haine », comme le Hamas conditionne les enfants de la bande de Gaza jusque dans leurs manuels scolaires.

Mais pour en arriver à cette criminelle extrémité, c’est par les femmes que l’islam commence son imprégnation, son chantage, son empoisonnement. Le corps et la sexualité féminines sont voilés et haram, hors dans le secret du mariage prison : « Désespérante ironie du sort : cette réislamisation des femmes immigrées et de leurs filles et petites filles françaises correspond au moment historique où les féministes pensaient avoir obtenu en vingt ans, de combat en combat, de pilule en IVG en passant par l’égalité salariale et tant d’autres droits, un bouleversement du statut de toutes les femmes, la liberté. » Elisabeth Schemla s’élève justement contre le foulard islamiste, « symbole de la soumission féminine » et, selon le mot de Khalida Messaoudi « notre étoile jaune » : « Derrière, il y a la polygamie, la répudiation, les mariages forcés », mais aussi la lapidation des femmes adultères. Sans compter la répression de toute homosexualité !

Notre auteure dénonce les imams, venus du salafisme et des Frères musulmans, la plupart du temps, « ignares », « vénéneux », délictueux, prosélytes de la charia et d’une France intégralement islamique. Elle fustige la lâcheté de nos politiques, le « bal des hypocrites », lorsque sans cesse la loi de séparation de l’église et de l’état est contournée, lorsque les collectivités locales financent les mosquées, mais aussi lorsque « les pétrodollars et le wahhabisme saoudien » forment « autour de la capitale une couronne d’obscurantisme ». Elle pointe les subventions prétendument culturelles, les baux emphytéotiques accordés aux associations, aux mosquées. Le « rap musulman » en prend pour son grade, lorsque, comme le web et les chaînes satellites, il soumet « à une triple propagande : « antioccidentale, antichrétienne et antisémite ». Les conversions de jeunes français de souche sont ramenées à un scandale terrifiant, les politiques de la ville et d’intégration de l’état, la mission de l’Education nationale dans les quartiers immigrés, les missions de la police et de la justice sont assimilées à de la poudre aux yeux, à de la démission. Où sont le courage et la force comme vertus de civilisation ?

Ce que défend à juste titre Elisabeth Shemla n’est pas un repli identitaire franchouillard, mais la dignité de la culture occidentale, cosmopolite et libérale issue des Lumières, face au cancer de l’islam. Nous ne pouvons que la conforter en ce combat humaniste. Est-elle enfin coupable d’alimenter l’islamophobie ? Au contraire, elle nous dit précisément pourquoi il faut avoir peur de manière raisonnée, pourquoi, il faut canaliser, rejeter l’islam s’il contrevient à la république, à la laïcité, au droit des femmes, des modes de vies et des consciences, s’il veut « chariaïser les sociétés »… Ainsi, l’essai informé ne prend pas de gants. C’est aussi salutaire que judicieux ; sauf lorsque sans nuances elle affirme : « Comme le christianisme et le judaïsme, l’islam est ce que son clergé et ses fidèles en font ». Nous avons montré plus haut l’irréductible différence de nature entre les religions, leurs textes.

Mais ce n’est pas le triste privilège de la France que d’être insidieusement puis frontalement assaillie. Suède, Norvège, Belgique, Royaume-Uni, Canada… Le cas de l’Allemagne, analysé avec lucidité, sans concession, par Thilo Sarazin est à cet égard éclairant. Si Elisabeth Shemla imagine avec l’imam Oubrou qu’est venu le moment « pour les musulmans de comprendre enfin qu’ils sont minoritaires dans une terre laïque à laquelle il adhère », l’auteur d’outre-Rhin craint qu’ils ne deviennent majoritaires au point de lancer haut et fort : L’Allemagne disparaît.

Economiste, historien, membre du SPD, parti socialiste allemand, Thilo Sarrazin fut ministre des finances du Land de Berlin, puis membre du directoire de la Bundesbank. Dont il dut démissionner suite au scandale déclenché par cet essai pourtant gonflé de faits, de statistiques, de références. Comme il ne fait pas bon de dire la vérité sur l’Islam ! Pourtant son livre se vendit dans le pays de Goethe à plus de deux millions d’exemplaires. Et reste le plus souvent accueilli au pays de Voltaire par le silence des yeux qui ne veulent pas voir : « J’ai renoncé à entourer de guirlandes verbales les situations qui paraissent délicates, mais je me suis efforcé de faire preuve d’objectivité -les résultats sont assez choquants comme cela », annonce Thilo Sarrazin.

Hélas l’Allemagne a un triste privilège : sa natalité a baissé de 70% depuis 1960. Du moins parmi les héritiers de Luther et de Rilke, chez qui « la population se réduit des trois quarts en soixante-dix ans » et descendra jusqu’aux vingt millions en 2100, contre trente-cinq millions de Turcs, si rien n’est fait. Car pour les musulmans, principalement d’origine turque, ce n’est évidemment pas la même chanson. Ce « grand remplacement » (pour reprendre la formule de Renaud Camus), est largement en route. Ce ne serait que billevesées si l’on s’intégrait dans la langue, dans l’éducation, dans les compétences et dans la tolérance. Car « c’est avant tout l’augmentation continue du nombre de personnes moins stables, moins intelligentes et moins compétentes qui menace l’avenir de l’Allemagne ». Le propos n’a rien de nationaliste, rien de la « nostalgie rétrograde », rien de l’assertion xénophobe, il s’appuie sur un examen argumenté et documenté du réel.

En effet, au contraire de ceux venus d’Europe et d’Extrême-Orient (ces derniers très performants), les immigrés originaires d’Afrique et surtout de Turquie et de l’aire arabe posent problème. Leur faiblesse scolaire, leur peu d’appétit au travail, leur dépendance aux aides sociales, leur addiction à la délinquance se doublent d’un accroissement démographique inéluctable.

Cependant Thilo Sarrazin ne se limite pas à lancer une réflexion défavorable aux immigrés, qui par ailleurs n’a rien d’irrespectueux envers les individus. Ce n’est pas seulement l’immigration d’Islam qui est responsable, mais aussi l’état allemand, ses prestations sociales trop généreuses qui découragent le travail et encouragent la démographie des « classes inférieures » (y compris de souche allemande) « éloignées de la culture et de la performance ». La baisse du niveau de l’intelligence (ne serait-ce qu’en se basant sur les résultats de l’enquête PISA) montre que l’éducation est à parfaire. Si les Juifs sont parmi les plus actives intelligences (voyons leurs nombreux prix Nobel), si la Corée, la Finlande et le Canada brillent au sommet de la réussite scolaire, que ne les imitons-nous ! Lorsque  l’on sait « qu’il existe une corrélation positive entre la richesse des nations et l’intelligence mesurée des peuples », il faut craindre alors de part et d’autre du Rhin la décroissance culturelle, technologique et économique.

 

Affirmant « l’impératif d’écart entre les salaires et les transferts sociaux », Thilo Sarrazin rappelle : « le problème n’est pas la pauvreté matérielle, mais la pauvreté intellectuelle et morale » (…) Notre manière d’adoucir la misère matérielle encourage des millions de personnes à verser dans la passivité, l’indolence ». De plus « ceux qui vivent de l’aide sociale ont nettement plus d’enfants que le reste de la population », sans compter que les immigrés sont trop souvent sous-qualifiés, parfois inemployables, « ce qui les dégage de la nécessité de modifier leur mode de vie traditionnel, de s’efforcer d’acquérir la langue de leur nouveau pays et d’y trouver du travail, ainsi que de concéder à leurs épouses plus de libertés occidentales. » Enfin : « Les musulmans ont en Allemagne un taux de participation au travail nettement inférieur à la moyenne, une situation qui vaut également pour la réussite dans le système éducatif, tandis que l’on trouve dans cette catégorie un taux d’allocataires de transferts sociaux et d’implication dans la criminalité violente supérieur à la moyenne. »

Il y a en effet outre-Rhin dix fois plus de gens qui vivent des prestations sociales chez les musulmans que chez les Allemands. Et que l’on ne nous dise pas que c’est à cause du racisme : en Angleterre, par exemple, les Pakistanais accusent un lourd déficit face aux Indiens, aux traits semblables. La cause est en bien sûr la culture arabe : dogmatisme religieux, communautarisme forcené, fatalisme, rétractation culturelle, modestie du goût de l’effort, machisme et surestimation de la virilité, de la violence et des codes d’honneur. Où la radicalisation « n’a rien à voir avec la pauvreté et l’absence de culture ».

Ainsi, autant l’antisémitisme est infondé, autant l’islamophobie est fondée. Claude Lévi-Strauss n’avouait-il pas avoir peur de l’Islam à la fin de Tristes tropiques[4] ? Et nous ne la confondrons pas avec la musulmanophobie, qui s’adresserait non pas à un système de pensée et de comportements, mais à des individus. Nous n’aurons pour preuve que l’existence remarquable, et digne de notre respect, des féministes musulmanes.

Voilà ce que l’on pourrait réécrire à la puissance dix pour la France dont on sait que le taux de chômage est le double de celui allemand, même si le taux de natalité chez les femmes d’origine française est moins cruel (1,7 enfant par femme) et cependant insuffisant… Et qui serait proprement inaudible pour nos élites socialistes et bienpensantes. Il faudrait également s’inspirer des Etats-Unis, du Canada et de l’Australie, où l’immigré ne reçoit pas d’aide sociale et doit compter sur ses propres énergies positives.

Informé, avisé, perspicace et du meilleur conseil, même s’il se répète parfois, Thilo Sarazin termine son essai par deux scénarios de politique-fiction. « Un rêve et un cauchemar », parmi lesquels « l’Allemagne dans cent ans » devient au choix : un pays où les bibliothèques brûlent, les châteaux sont en ruines, les cathédrales sont devenues mosquées, où le niveau de vie décroît, où l’allemand n’est plus une langue maternelle ; ou bien : un pays où les mesures de politique familiale font remonter la natalité, où l’immigration extra-européenne est contrôlée, drastiquement diminuée, où la langue allemande est obligatoire pour tous, où les allocations sont retirées lorsque l’on ne fréquente pas l’école, ni n’accepte un travail, où l’on interdit le foulard, où l’on réduit les transferts sociaux, où « les quartiers de migrants rétrécirent »… Que ne s’en inspire-t-on en méditant cette injonction : « Faites en sorte que les gens intelligents aient plus d’enfants avant qu’il ne soit trop tard. »

Nul doute que, parmi ces solutions, outre la discipline à l’école, la force de la police et de la justice dans les enclaves ethniques, il faudrait compter sur la libération des énergies entrepreneuriales des immigrés, d’où qu’ils viennent : eux aussi doivent pouvoir être déchargés du poids de la fiscalité, des complexités administratives, de la lourdeur du code du travail et des charges et normes diverses pour mettre en valeur leurs talents ; car certains d’entre eux, malgré toutes ces chaînes aux pieds, ont déjà prouvé leur capacité de réussir dans un enrichissement judicieux.

Que l’on sache, mis à part des créations architecturales splendides comme La Alhambra de Grenade, ses poèmes arabes andalous, ses Mille et une nuits venues de bien des horizons, son Cantique des oiseaux[5], sa calligraphie -ce qui n’est pas rien- l’Islam comme civilisation c’est d’abord la conquête meurtrière et totalitaire des deux tiers du bassin méditerranéen, l’esclavage institutionnalisé (encore aujourd’hui du Soudan aux Emirats), la sujétion des femmes, la guerre perpétuelle entre Chiites et Sunnites, le Jihad, la Charia, sans compter le sabre et la dhimmitude pour ceux qui ne partagent pas leur religion. Où est l’Islam de paix et d’amour, cet Islam des Lumières, qui pourtant n’attend que de fleurir parmi des millions d’individus silencieux et eux-mêmes asservis, parfois heureusement révoltés, comme aujourd’hui en Tunisie et en Egypte ?

Nos trois auteurs n’ont pas prétendu asséner le marteau de l’ultime vérité, et l’auteur de ce modeste article encore moins ; mais ouvrir un chemin hors de la sortie de la méconnaissance et des préjugés. Quelle vérité choisir ? Celle chaude, rassurante pour ses affidés, fermée de l’islam qui ne procure le bonheur qu’à ceux qui ne veulent penser que dans le cercle étroit d’une pensée instituée, que dans les fers de l’oppression consentie ou infligée ? Ou celle des démocraties libérales issues des Lumières de Kant, assurant les libertés individuelles et les progrès de la connaissance au moyen d’une raison indépendante et pluraliste ? Le lecteur aura deviné où est la dignité de l’humanité et la nécessité de la rétablir.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[4] Claude Lévi-Strauss : Tristes tropiques, Plon, 1955, p 466-467.

[5] Voir :  Le Cantique des oiseaux, une poétique de l’interprétation

 

Céramique islamique, Iran médiéval, Musée d'Agesci, Niort, Deux-Sèvres.

Photo : T. Guinhut.

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 17:03

 

Jeu d'échecs aux Chrétiens et Mauresques,

Abadia deViaceli, Cobreces, Cantabria.

Photo : T. Guinhut. 

 

 

 

 

 

Sommes-nous islamophobes ?

Avec le concours de Voltaire et de Jean Raspail.

 

 

 

           Péché capital selon les uns, refuge identitaire selon les autres, l’islamophobie est la bombe sans retardement qui agite nos mentalités, notre quotidien et notre avenir. Sommes-nous d’affreux islamophobes ? Peur irrationnelle, haine et rejet a priori, ou justes raisons de craindre et de dire non… Le personnage de Phobos, fils d’Arès et d’Aphrodite, est, dans L’Iliade, « l’Effroi [1]», l’incarnation de la peur panique. Mais aussi, dans Les Métamorphoses d’Ovide, « Phobetor[2] » est l’un des fils, avec Morphée et Fantasos, du dieu du Sommeil ; il a la capacité de se changer en bête sauvage, en serpent, incarnant ainsi le cauchemar… Avoir peur de l’islam relèverait alors du simple rêve panique et névrotique, en rien fondé sur la moindre réalité, une forme de xénophobie de plus, uniquement pétrie d’ignorance, de méfiance et de barrière d’incompréhension opposée à l’autre, à la différence… En ce sens être atteint de phobie simple, l’arachnophobie par exemple, est une souffrance psychique, une angoisse liée à un objet bénin, et donc digne souvent du ridicule, ou, mieux, de la thérapie. Quant à l’islamophobie, elle relèverait plus exactement des phobies sociales. Ne sommes-nous bouleversés que par Phobos, ou par l’Islam lui-même, qui a bien des raisons d'effrayer ?

 

Sans doute l’islamophobie est un concept discutable, truffé de pièges. Permet-il de retourner la culpabilité sur le malheureux qui aurait l’ingénuité de prononcer un jugement critique, du plus grossier au plus fondé et argumenté, sur cette religion et civilisation ? Barre-t-il l’accès à la possibilité du débat et de la réflexion ? Au point que l’Islam devienne intouchable par le moindre débat, la moindre critique, le moindre jugement de valeur sous peine d’être accusé de racisme… Une pensée rigoureuse devrait alors lui opposer le concept de christianophobie qui hélas pour les mœurs et heureusement pour l’équité du dictionnaire et de la pensée commence à se faire jour, ne serait-ce qu’à la suite des attentats, meurtres, expulsions et affronts de toutes sortes qui jaillissent sur de pacifiques Chrétiens, de la Turquie à l’Indonésie, en passant par l’Irak, le Pakistan, le Soudan et la plupart des nations musulmanes, tous pays plus ou moins gangrenés par un fascisme vert qui n’a rien à envier aux fascismes rouges et bruns qui leurs sont consubstantiellement voisins, voire complices, car également anti-libéraux.

      Que l’on y prenne garde, l’Islam ne signifie pas les Musulmans. Une idéologie religieuse et politique dans laquelle l’oumma, ou communauté des croyants, corsète le libre-arbitre de chacun ne signifie pourtant pas qu’il faille identifier le corps religieux avec ses membres. Les Musulmans peuvent être des individus, dignes pourquoi pas de pensée propre, de recul, de choix intellectuels et moraux, au point peut être de pouvoir envisager de choisir sa foi, de la quitter pour une autre, voire pour aucune. Auquel cas cependant ils sont considérés comme apostats et passibles de la peine de mort; ce qui montre l'inadéquation de l'Islam aux libertés.

Il ne s’agira pas alors de confondre rejet des principes politiques d’une religion et de ses pires imams et séides avec le rejet discriminatoire de ceux qui la pratiquent, d’autant qu’il ne manque pas de croyants musulmans pacifiques et tolérants qui respectent en Occident cette laïcité qui leur permet la tranquillité. Redisons-le, s’il en était besoin, que nombre de Musulmans européens ne veulent pas d’une Eurabia où établir l’horreur de la charia et qui les priveraient des libertés acquises en Europe. Ils ne veulent que prier en paix dans le secret de leurs cœurs, de leurs maisons, de leurs mosquées, comme tout Chrétien ou Juif également respectables, que s’intégrer, jouir des fruits de leur travail et de leur liberté, voir leurs filles décider de leurs vêtements, de leurs études, de leur mariage et de leurs enfants…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hélas, c’est au nom de l’Islam, du Coran, de la charia, dont il existe des dizaines de tribunaux officiels en Grande-Bretagne, que sont perpétrés les attentats du 11 septembre, les terrorismes kamikazes de l’Irak, de Moscou, de Madrid et d’ailleurs, que sont lapidées des femmes adultères, que sont condamnés à mort des convertis au christianisme, que sont menacés d’une infâme fatwa un écrivain comme Salman Rushdie, un caricaturiste comme Kurt Westergaard, un agrégé de philosophie comme Robert Redeker…

      Interrogeons alors le Coran, ses sourates et ses versets, que nous ne pouvons qualifier autrement que de manuel génocidaire : V 33 : « La récompense de ceux qui combattent contre Dieu et son prophète et qui s'efforcent d'étendre la corruption sur la terre, sera la mort, le supplice et la croix ». VI 45 : « Quant au peuple qui s’est révélé injuste, il fut anéanti. Louange à Allah, le maître des mondes ». VI 49 : « Ceux qui blasphèment contre l'islamisme recevront la peine de leur impiété ». VII 4 : « Combien de cités nous avons détruites, lorsque notre colère s’est abattue sur elles la nuit et au milieu du jour ! » VIII 39 : Combattez-les jusqu’à ce que la dissension soit anéantie et que le culte soit entièrement consacré à Allah. Mais, s’ils s’arrêtent, Allah voit parfaitement ce qu’ils font. IX 5 : « mettez à mort les idolâtres partout où vous les rencontrerez ». X 13 : « Nous anéantîmes en effet des générations entières avant vous, lorsqu’elles se montrèrent iniques et dès lorsqu’elles reçurent sans les croire leurs envoyés avec des signes explicites. C’est de la sorte que nous rétribuons le peuple des mécréants ». XXV 52 : N’obéis surtout pas aux incroyants et, grâce au Coran combat-les de manière ferme ». Sans oublier les sourates « Les femmes », IV 19 : « Si quelqu’une de vos femmes a commis l’adultère, appelez quatre témoins. Si leurs témoignages se réunissent contre elle, enfermez-la dans votre maison, jusqu’à ce que la mort termine sa carrière », 38 : « Les maris qui ont à souffrir de leur désobéissance peuvent les punir, les laisser seules dans leur lit, et même les frapper » ; « Le butin » VIII 12 : « Encouragez les croyants ; j’épouvanterai les impies, appesantissez vos bras sur leurs têtes, frappez-le sur le nuques et sur les mains » ; et « Le combat » XLVII 4 : « Si vous rencontrez des infidèles, combattez-les jusqu’à ce que vous ayez fait un grand carnage », Ainsi l’on a pu compter environ 400 versets coraniques haineux, sexistes, homophobes, belliqueux, esclavagistes, anti-chrétiens, anti-juifs, appelant sans détour à tuer les apostats et les infidèles.

Il nous appartient bien de juger si le livre sacré des Musulmans, divers et contradictoire qu’il est, livre d’amour et de paix selon la dissimulation des prosélytes, contient bien la matière de telles indignités, pétri qu'il est d'encouragements à la violence et au meurtre contre les mécréants. Un livre, qu’il soit Bible, Coran ou Popol Vuh[3], historiquement contextualisé, écrit par des hommes, inspirés ou non, ne doit pas être le support d’une doxa tyrannique. Sur ce point, l’Occident a acquis une supériorité éthique fragile : la Bible, quoique plus objectivement pétrie d’amour, en particulier dans les Evangiles, ne fait pas loi, la séparation des pouvoirs spirituel et temporel est effective. Ne serait-ce que depuis le « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu[4] » du Christ.

La critique de l’Islam, au même titre que celle du Christianisme, du Judaïsme et du Bouddhisme, relève de la liberté de pensée et d’expression, durement acquise depuis surtout les Lumières et Voltaire qui n’hésita pas à écrire en 1741 une tragédie (d’ailleurs habilement dédiée au Pape Benoit XIV) intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le prophète[5]), tragédie hélas irreprésentable aujourd’hui. Notons que le personnage théâtral qui mania le poignard criminel sous l’instigation du prophète a donné, par antonomase, son nom, Séide, à tout fanatique aveuglement dévoué à un chef politique ou religieux.

 

Voltaire : Théâtre, 1764. Photo : T. Guinhut.

 

C’est à de telles difficultés que l’on mesure l’état de nos libertés occidentales. D’autant qu’en France des lois et des associations peuvent attaquer en justice tout auteur de propos prétendus islamophobes. Tel le journaliste Eric Zemmour qui a dit sur un plateau de télé que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait. [6]» Il est loisible de ne pas éprouver de sympathie envers les opinions controversées du personnage. Mais, à lui seul, il est le garant de nos libertés (comme peut l’être par exemple un Finkielkraut); et sa condamnation est une honte incalculable. Sans compter que le sociologue Hugues Lagrange[7] a établi les causes de la surreprésentation des « jeunes issus de l’Afrique sahélienne » dans la délinquance. Les facteurs culturels et ethniques relevés (notons qu’il passe un peu trop sous silence des facteurs sociaux liés à la condition de l’immigration en France) ne font pas pour autant de l’auteur de cet essai un irrécupérable islamophobe. De plus, la « surdélinquance des personnes issues de l’immigration » est corroborée par le sociologue Sabastian Roché que l’on peut retrouver dans un rapport d’enquête du Sénat de 2002[8], même si lui aussi doit tenir compte des conditions de vie de ces nouvelles génération tiraillées entre deux mondes et à l’adaptation délicate.

Quant à ceux qui voudraient nier les faits pour se réfugier dans un angélisme tiers-mondisme, un « angélisme exterminateur » pour reprendre le titre d’Alain-Gérard Slama[9], ceux qui font les autruches, s’ils ne sont pas islamophobes, les voilà en quelque sorte francophobes et europhobes, voire, si l’on veut user d’un néologisme, réelophobes, ce qui est peut-être pire !

Il s’agit de tolérer des croyances, fussent-elles erronées, mais à condition que cette tolérance ne fasse pas le lit de l'intolérable, et non sans respecter le droit et le devoir de la critique argumentée, de la caricature et de la parodie… En effet, n’oublions pas qu’Islam ne veut pas dire liberté, mais soumission. A tous ceux qui se targuent, face au capitalisme, à Sarkozy, aux lois républicaines, d’êtres des insoumis, il faut leur rétorquer que leur est acquise ici la liberté d’expression et d’élire un Parlement qui saurait modifier ce qu’ils contestent. Or dans l’Islam théocratique, il est hors de question de faire paraître de quelque manière que ce soit la moindre insoumission : représentation par l’image, qui plus est par la caricature, velléité de conversion à une autre religion, pratiquer un athéisme discret ou l’affirmer, rien de tout cela n’est imaginable. Au Pakistan, blasphème et apostasie peuvent être punis de mort, et cela avec l’aval d’une grande partie de la population. La religion chrétienne fut certes parfois sanglante et meurtrière (entre inquisitions et croisades), mais en s’éloignant de ses textes fondateurs et du message du Christ, tandis que l’Islam le fut en étant fidèle à ses concepts originels, en particulier le jihad qui, ne l’oublions pas, est à l’origine d’une croisade bien plus virulente puisqu’elle parvint à soumettre jusqu’à la conversion forcée et au sang les deux tiers du pourtour méditerranéen…

Faut-il appeler de nos vœux un Islam des Lumières ? Si l’on entend cette expression au sens kantien, il serait : « Sapere aude ! Aies le courage de te servir de ton propre entendement ! (…) Pour répandre ces lumières, il n’est rien requis d’autre que la liberté (…) à savoir faire un usage public de sa raison dans tous les domaines. »[10] C’est ainsi que semblent le penser Abdelwahab Meddeb, pour qui l’Islam doit se séculariser[11], ou Malek Chebel[12], quoique ce dernier paraisse vouloir abandonner voile ou lapidation parce que le Coran ne les prescrit pas et non au nom de la raison. Cette conciliation avec les valeurs de la République est-elle une amitié pour la tolérance et la justice ou s’agit-il d’une modération musulmane qui ainsi s’avancerait masquée pour cacher de moins altruistes desseins, sinon des velléités de conquêtes ravageuses ? Est-ce le cas du très controversé Tariq Ramadan ? Reste que Malek Chebel a eu le bon goût de publier un Dictionnaire amoureux des Mille et une nuits[13], ce merveilleux livre que les Frères musulmans égyptiens veulent interdire. Les Lumières, au sens de Kant et de l’ironie critique de Voltaire, restent le garant de nos libertés, face à tous les totalitarismes, qu’ils soient religieux ou politiques ; ou pire : religieux et politiques à la fois.

 

La prière est parfois publique dans nos rues, nos cantines deviennent sans porc sous la pression communautariste ; l’alcool est diabolisé ; les mini-jupes impossibles dans certaines banlieues ; la mixité est invalidée ; l’enseignement en ces mêmes enclaves interdit d’aborder les sujets musulmano-incorrects, sans compter insultes et agressions contre les professeurs ; le darwinisme et la science sont rejetés dans des établissements scolaires ; le texte du Coran, tout sauf féministe, commande de frapper les femmes, d’enfermer l’adultère « jusqu’à ce que la mort termine sa carrière »[14] ; les mosquées aux muezzins, parfois bénéficiant de financements publics des collectivités locales au mépris de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état, ne menacent pas que les paysages suisses ; la charia est enseignée dans des officines pseudo-éducatives ; des écoles coraniques forment des récitants du Coran ; la France est méprisée, insultée comme source de l’esclavage alors que l’Afrique noire et arabe n’a pas eu besoin d’elle pour pratiquer esclavage et piraterie ; la racisme anti-blanc chasse les habitants ; les racailles du rap et du deal de drogue mettent les quartiers en coupe réglée, brûlent les voitures et les écoles de la République, fomentent des émeutes, des guérillas urbaines (même si des bien blancs ne sont pas innocents) ; l’homophobie et l’antiféminisme sont de règle ; les burqas cachent les femmes battues ; le ramadan devient en certains lieux une dictature ; l’Islam est la première religion dans les prisons ; la violence et le jihad sont des fondements religieux au détriment d’une religion d’amour et de paix… Que se passera-t-il si, la démographie et l’immigration aidant, délinquance tribale et fondamentalisme islamique prennent le pas sur les Républicains intimidés, sinon complices ? 

 S’il est légitime que les authentiques démocrates et libéraux se posent cette avalanche de problématiques, d’autant plus criantes pour ceux qui vivent dans les quartiers dits par euphémisme « sensibles », il est nécessaire de tempérer notre appréciation. Non, les guerres tribales et fondamentalistes ne sont pas à l’ordre du jour, voire d’un jour à venir. Le multiculturalisme décrié est plus exactement en France un multiconfessionalisme, c’est-à-dire la possibilité nécessaire de la liberté religieuse. Deux phénomènes illustrent la capacité des croyants musulmans à entrer dans une laïcité des Lumières : d’une part l’aspiration aux libertés individuelles, tant économiques que politiques, sensible au travers des révolutions tunisienne, égyptienne, lybienne… qui échappent -du moins faut-il l’espérer- aux diktats archéo-religieux, et d’autre part l’entrée de nombre de post-immigrés de l’aire arabo-musulmane parmi la classe moyenne française. Ces « beurgeois », comme on les appelle parfois avec un inqualifiable mépris pour les deux composantes de ce néologisme, sont aussi l’avenir de la démocratie libérale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le retour d’un roman qui fit quelques remous -diabolique selon les uns, visionnaire selon les autres- à sa sortie en 1973, vient à point pour tester les enjeux islamophobiques, ainsi que l’état de nos libertés. Jean Raspail en effet persiste et signe aujourd’hui en rééditant Le Camp des Saints[15]. Le fantasme de l’invasion de l’Occident prend une dimension apocalyptique : en une nuit, « cent navires se sont échoués, chargé d’un million d’immigrants ». C’est peut-être une lourde uchronie qui joue avec nos peurs… Sans compter l’abus du mot « race » par des personnages parfois caricaturaux et les références à l’apocalypse et à un christianisme passablement traditionnaliste… Ce n’est peut-être pas aussi subtil que du Ballard dont nous ne sommes pas si loin, mais un souffle épique impressionnant anime cette narration qui évidemment grossit le trait en imaginant l’Occident entier balayé par les pauvres du Tiers-Monde, vidé de sa substance, malgré la résistance des blancs natifs…

On ne s’est pas choqué de la nouvelle de Ballard dans laquelle la horde (terme joliment dépréciatif) de touristes préfère rester dans le sud de l’Europe plutôt que de retourner travailler, puis se met à piller pour assurer sa survie et son confort[16], pourquoi se choquerait-on de cette autre anticipation ? Parce qu’un politiquement correct absurde et suicidaire veut paraître ne rien dire de déplaisant à l’égard des hordes (terme soudain infamant) d’Arabo-musulmans qui viendrait souiller et piller notre patrimoine. Si Raspail est un peu trop lourdement attaché aux valeurs et racines chrétiennes de l’Occident, il n’en reste pas moins que les racines arabo-musulmanes de ce dernier sont maigres, mis à part en al-Andalus, dans le lexique espagnol et dans le Don Quichotte auquel Cervantès attribue un auteur qu’il nomme « Cid Hamet Ben-Engeli »[17].

Reste que l’apport de Raspail à notre réflexion est fort pertinent , grâce à sa préface nouvelle et bien actuelle : « Big Other », (On aura compris l’allusion au « Big Brother » d’Orwell[18]): il est l’image de la surveillance de cette incorrecte pensée qui ne se résout pas au métissage obligé, à la perte des fondamentaux libéraux de notre civilisation. Mieux encore, en fin de volume, il ajoute une liste des passages de son roman qui aujourd’hui tomberaient sous le coup des « lois Pleven, Gayssot, Lellouche et Perben ». Ces lois mémorielles et qui permettent à des associations comme SOS Racisme de jeter devant les tribunaux ceux que la liberté d’expression chatouillerait… Sous la chape de ce « Big Other », sommes-nous libertophobes lorsqu’un Zemmour ne peut émettre d’opinions ?

Le problème n’est évidemment pas la couleur de peau ou l’origine géographique et culturelle, mais la non adhésion aux valeurs de la démocratie libérale. Le multiculturalisme n’est pas qu’un échec en France, à condition de ne pas transiger sur les fondamentaux venus des Lumières, de la laïcité, de l’égalité homme-femme et du respect des libertés de culte, sans compter l’indispensable respect de l’individualisme (à ne pas confondre avec l’égoïsme), c’est-à-dire la possibilité laissée à chaque individu de se développer par lui-même dans une société de libertés.

 

Si notre islamophobie n’est que racisme et xénophobie, elle est moralement condamnable, quoique pas au sens des tribunaux censeurs, qui ont mieux à faire que de s’occuper de ces délits d’opinions dont le traitement devrait nous mettre sur la liste grise d’Amnesty International. Si elle fait une lecture critique des dogmes religieux de l’Islam et des armes idéologiques qu’il fournit à ceux qui s’en emparent pour commettre des crimes et assurer leur totalitarisme, elle est une liberté nécessaire, salutaire. En ce sens, qu’on l’appelle Phobos ou Phobetor, ce dieu venu d’Homère et d’Ovide, mais aussi d’un sursaut des Lumières, elle peut être aussi bien un avertisseur, un protecteur. Car il y a bien un devoir d’islamophobie libérale.

 

Thierry Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

[1] Homère : L’Iliade, chant XIII, vers 299.

[2] Ovide : Les Métamorphoses, Livre XI, vers 640.

[3] Popol Vuh, Bible américaine des Maya-Quichés, Le Castor Astral, 1987.

[4] Evangile selon Saint- Matthieu, 21/21.

[5] Voltaire : Théâtre, Garnier, sans date.

[6] Le 6 mars 2010 sur Canal Plus.

[7] Hugues Lagrange : Le Déni des cultures, Seuil, 2010.

[8] Voir : http://www.senat.fr/rap/r01-340-1/r01-340-117.html

[9] Alain-Gérard Slama : L’Angélisme exterminateur, Essai sur l’ordre moral contemporain, Grasset, 1993.

[10] Kant : Qu’est-ce que les lumières ? Œuvres, tome 2, Gallimard, Collection de la Pléiade, 1985.

[11] Voir son entretien du 4 octobre 2010, sur France Culture.

[12] Malek Chebel : Manifeste pour un islam des Lumières, Hachette Littérature, 2004.

[13] Plon, 2010.

[14] Coran, « Sur les femmes », IV, 19.

[15] Jean Raspail : Le Camp des Saints, Robert Laffont, 2011.

[16] J. G. Ballard : « Le Plus grand parc d’attractions du monde », in Nouvelles Complètes, volume III, Tristram, 2010.

[17] Dans le chapitre III de la seconde partie.

[18] Georges Orwell : 1984, Gallimard.

 

Nota bene : les traductions du Coran utilisées sont celles de Savary, Garnier, 1958,

et d'André Chouraqui, Robert Laffont, 1990.

 

Photo : T. Guinhut.

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Butor

Butor poète et imagier du Temps qui court

Butor Barcelo : Une nuit sur le mont chauve

 

 

 

 

 

 

Cabré

Confiteor : devant le mystère du mal

 

 

 

 

 

 

 

Canetti

La Langue sauvée de l'autobiographie

 

 

 

 

 

 

Capek

La Guerre totalitaire des salamandres

 

 

 

 

 

 

Capitalisme

Eloge des péchés capitaux du capitalisme

De l'argument spécieux des inégalités

La sagesse de l'argent : Pascal Bruckner

Vers le paradis fiscal français ?

 

 

 

 

 

 

Carrion

Les orphelins du futur post-nucléaire

Eloges des librairies et des libraires

 

 

 

 

 

 

 

Cartarescu

La trilogie roumaine d'Orbitor, Solénoïde ; Manea : La Tanière

 

 

 

 

 

 

 

Cartographie

Atlas des mondes réels et imaginaires

 

 

 

 

 

 

 

Casanova

Icosameron et Histoire de ma vie

 

 

 

 

 

 

Catton

La Répétition, Les Luminaires

 

 

 

 

 

 

Cavazzoni

Les Géants imbéciles et autres Idiots

 

 

 

 

 

 

 

Celan

Paul Celan minotaure de la poésie

Celan et Bachmann : Lettres amoureuses

 

 

 

 

 

 

Céline

Voyage au bout des pamphlets antisémites

Guerre : l'expressionnisme vainqueur

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

 

Censure et autodafé

Requiem pour la liberté d’expression : entre Milton et Darnton, Charlie et Zemmour

Livres censurés et colères morales

Incendie des livres et des bibliothèques : Polastron, Baez, Steiner, Canetti, Bradbury

Totalitarisme et Renseignement

Pour l'annulation de la cancel culture

 

 

 

 

 

 

Cervantès

Don Quichotte peint par Gérard Garouste

Don Quichotte par Pietro Citati et Avellaneda

 

 

 

 

 

 

Cheng

Francois Cheng, Longue route et poésie

 

 

 

 

 

 

Chesterton

William Blake ou l'infini

Le fantaisiste du roman policier catholique

 

Chevalier

La Dernière fugitive, À l'orée du verger

Le Nouveau, rééecriture d'Othello

Chevalier-la-derniere-fugitive

 

Chine

Chen Ming : Les Nuages noirs de Mao

Du Gène du garde rouge aux Confessions d'un traître à la patrie

Anthologie de la poésie chinoise en Pléiade

 

 

 

 

 

 

Civilisation

Petit précis de civilisations comparées

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

 

 

 

 

 

 

 

Climat

Histoire du climat et idéologie écologiste

Tyrannie écologiste et suicide économique

 

 

 

 

 

 

Coe

Peines politiques anglaises perdues

 

 

 

 

 

 

 

Colonialisme

De Bartolomé de Las Casas à Jules Verne

Métamorphoses du colonialisme

Mario Vargas Llosa : Le rêve du Celte

Histoire amérindienne

 

 

 

 

 

 

Communisme

"Hommage à la culture communiste"

Karl Marx théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

 

 

 

 

 

 

Constant Benjamin

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Corbin

Fraicheur de l'herbe et de la pluie

Histoire du silence et des odeurs

Histoire du repos, lenteur, loisir, paresse

 

 

 

 

 

 

 

Cosmos

Cosmos de littérature, de science, d'art et de philosophie

 

 

 

 

 

 

Couleurs
Couleurs de l'Occident : Fischer, Alberti

Couleurs, cochenille, rayures : Pastoureau

Nuanciers de la rose et du rose

Profondeurs, lumières du noir et du blanc

Couleurs des monstres politiques

 

 

 

 

 


Crime et délinquance

Jonas T. Bengtsson et Jack Black

 

 

 

 

 

 

 

Cronenberg

Science-fiction biotechnologique : de Consumés à Existenz

 

 

 

 

 

 

 

Dandysme

Brummell, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire

 

 

 

 

 

 

Danielewski

La Maison des feuilles, labyrinthe psychique

 

 

 

 

 

 

Dante

Traduire et vivre La Divine comédie

Enfer et Purgatoire de la traduction idéale

De la Vita nuova à la sagesse du Banquet

Manguel : la curiosité dantesque

 

 

 

 

 

 

Daoud

Meursault contre-enquête, Zabor

Le Peintre dévorant la femme

 

 

 

 

 

 

 

Darger

Les Fillettes-papillons de l'art brut

 

 

 

 

 

 

Darnton

Requiem pour la liberté d’expression

Destins du livre et des bibliothèques

Un Tour de France littéraire au XVIII°

 

 

 

 

 

 

 

Daumal

Mont analogue et esprit de l'alpinisme

 

 

 

 

 

 

Defoe

Robinson Crusoé et romans picaresques

 

 

 

 

 

 

 

De Luca

Impossible, La Nature exposée

 

 

 

 

 

 

 

Démocratie

Démocratie libérale versus constructivisme

De l'humiliation électorale

 

 

 

 

 

 

 

Derrida

Faut-il pardonner Derrida ?

Bestiaire de Derrida et Musicanimale

Déconstruire Derrida et les arts du visible

 

 

 

 

 

 

Descola

Anthropologie des mondes et du visible

 

 

 

 

 

 

Dick

Philip K. Dick : Nouvelles et science-fiction

Hitlérienne uchronie par Philip K. Dick

 

 

 

 

 

 

 

Dickinson

Devrais-je être amoureux d’Emily Dickinson ?

Emily Dickinson de Diane de Selliers à Charyn

 

 

 

 

 

 

 

Dillard

Eloge de la nature : Une enfance américaine, Pèlerinage à Tinker Creek

 

 

 

 

 

 

 

Diogène

Chien cynique et animaux philosophiques

 

 

 

 

 

 

 

Dostoïevski

Dostoïevski par le biographe Joseph Frank

 

 

 

 

 

 

Eco

Umberto Eco, surhomme des bibliothèques

Construire l’ennemi et autres embryons

Numéro zéro, pamphlet des médias

Société liquide et questions morales

Baudolino ou les merveilles du Moyen Âge

Eco, Darnton : Du livre à Google Books

 

 

 

 

 

 

 

Ecologie, Ecologismes

Greenbomber, écoterroriste

Archéologie de l’écologie politique

Monstrum oecologicum, éolien et nucléaire

Ravages de l'obscurantisme vert

Wohlleben, Stone : La Vie secrète des arbres, peuvent-il plaider ?

Naomi Klein : anticapitalisme et climat

Biophilia : Wilson, Bartram, Sjöberg

John Muir, Nam Shepherd, Bernd Heinrich

Emerson : Travaux ; Lane : Vie dans les bois

Révolutions vertes et libérales : Manier

Kervasdoué : Ils ont perdu la raison

Powers écoromancier de L'Arbre-monde

Ernest Callenbach : Ecotopia

 

 

 

 

 

 

Editeurs

Eloge de L'Atelier contemporain

Diane de Selliers : Dit du Genji, Shakespeare

Monsieur Toussaint Louverture

Mnémos ou la mémoire du futur

 

 

 

 

 

 

Education

Pour une éducation libérale

Allan Bloom : Déclin de la culture générale

Déséducation et rééducation idéologique

Haine de la littérature et de la culture

De l'avenir des Anciens

 

 

 

 

 

 

Eluard

« Courage », l'engagement en question

 

 

 

 

 

 

 

Emerson

Les Travaux et les jours de l'écologisme

 

 

 

 

 

 

 

Enfers

L'Enfer, mythologie des lieux

Enfers d'Asie, Pu Songling, Hearn

 

 

 

 

 

 

 

Erasme

Erasme, Manuzio : Adages et humanisme

Eloge de vos folies contemporaines

 

 

 

 

 

 

 

Esclavage

Esclavage en Moyen âge, Islam, Amériques

 

 

 

 

 

 

Espagne

Histoire romanesque du franquisme

Benito Pérez Galdos, romancier espagnol

 

 

 

 

 

 

Etat

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Constructivisme versus démocratie libérale

Amendements libéraux à la Constitution

Couleurs des monstres politiques

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Socialisme et connaissance inutile

Patriotisme et patriotisme économique

La pandémie des postures idéologiques

Agonie scientifique et sophisme français

Impéritie de l'Etat, atteinte aux libertés

Retraite communiste ou raisonnée

 

 

 

 

 

 

 

Etats-Unis romans

Dérives post-américaines

Rana Dasgupta : Solo, destin américain

Bret Easton Ellis : Eclats, American psycho

Eugenides : Middlesex, Roman du mariage

Bernardine Evaristo : Fille, femme, autre

La Muse de Jonathan Galassi

Gardner : La Symphonie des spectres

Lauren Groff : Les Furies

Hallberg, Franzen : City on fire, Freedom

Jonathan Lethem : Chronic-city

Luiselli : Les Dents, Archives des enfants

Rick Moody : Démonologies

De la Pava, Marissa Pessl : les agents du mal

Penn Warren : Grande forêt, Hommes du roi

Shteyngart : Super triste histoire d'amour

Tartt : Chardonneret, Maître des illusions

Wright, Ellison, Baldwin, Scott-Heron

 

 

 

 

 

 

 

Europe

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

Fables politiques

Le bouffon interdit, L'animal mariage, 2025 l'animale utopie, L'ânesse et la sangsue

Les chats menacés par la religion des rats, L'Etat-providence à l'assaut des lions, De l'alternance en Démocratie animale, Des porcs et de la dette

 

 

 

 

 

 

 

Fabre

Jean-Henri Fabre, prince de l'entomologie

 

 

 

 

 

 

 

Facebook

Facebook, IPhone : tyrannie ou libertés ?

 

 

 

 

 

 

Fallada

Seul dans Berlin : résistance antinazie

 

 

 

 

 

 

Fantastique

Dracula et autres vampires

Lectures du mythe de Frankenstein

Montgomery Bird : Sheppard Lee

Karlsson : La Pièce ; Jääskeläinen : Lumikko

Michal Ajvaz : de l'Autre île à l'Autre ville

Morselli Dissipatio, Longo L'Homme vertical

Présences & absences fantastiques : Karlsson, Pépin, Trias de Bes, Epsmark, Beydoun

 

 

 

 

 

 

Fascisme

Histoire du fascisme et de Mussolini

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Haushofer : Sonnets de Moabit

 

 

 

 

 

 

 

Femmes

Lettre à une jeune femme politique

Humanisme et civilisation devant le viol

Harcèlement et séduction

Les Amazones par Mayor et Testart

Christine de Pizan, féministe du Moyen Âge

Naomi Alderman : Le Pouvoir

Histoire des féminités littéraires

Rachilde et la revanche des autrices

La révolution du féminin

Jalons du féminisme : Bonnet, Fraisse, Gay

Camille Froidevaux-Metterie : Seins

Herland, Egalie : républiques des femmes

Bernardine Evaristo, Imbolo Mbue

 

 

 

 

 

 

Ferré

Providence du lecteur, Karnaval capitaliste ?

 

 

 

 

 

 

Ferry

Mythologie et philosophie

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

De l’Amour ; philosophie pour le XXI° siècle

 

 

 

 

 

 

 

Finkielkraut

L'Après littérature

L’identité malheureuse

 

 

 

 

 

 

Flanagan

Livre de Gould et Histoire de la Tasmanie

 

 

 

 

 

 

 

Foster Wallace

L'Infinie comédie : esbroufe ou génie ?

 

 

 

 

 

 

 

Foucault

Pouvoirs et libertés de Foucault en Pléiade

Maîtres de vérité, Question anthropologique

Herculine Barbin : hermaphrodite et genre

Les Aveux de la chair

Destin des prisons et angélisme pénal

 

 

 

 

 

 

 

Fragoso

Le Tigre de la pédophilie

 

 

 

 

 

 

 

France

Identité française et immigration

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Antilibéralisme : Darien, Macron, Gauchet

La France de Sloterdijk et Tardif-Perroux

 

 

 

 

 

 

France Littérature contemporaine

Blas de Roblès de Nemo à l'ethnologie

Briet : Fixer le ciel au mur

Haddad : Le Peintre d’éventail

Haddad : Nouvelles du jour et de la nuit

Jourde : Festins Secrets

Littell : Les Bienveillantes

Louis-Combet : Bethsabée, Rembrandt

Nadaud : Des montagnes et des dieux

Le roman des cinéastes. Ohl : Redrum

Eric Poindron : Bal de fantômes

Reinhardt : Le Système Victoria

Sollers : Vie divine et Guerre du goût

Villemain : Ils marchent le regard fier

 

 

 

 

 

 

Fuentes

La Volonté et la fortune

Crescendo du temps et amour faustien : Anniversaire, L'Instinct d'Inez

Diane chasseresse et Bonheur des familles

Le Siège de l’aigle politique

 

 

 

 

 

 

 

Fumaroli

De la République des lettres et de Peiresc

 

 

 

 

 

 

Gaddis

William Gaddis, un géant sibyllin

 

 

 

 

 

 

Gamboa

Maison politique, un roman baroque

 

 

 

 

 

 

Garouste

Don Quichotte, Vraiment peindre

 

 

 

 

 

 

 

Gass

Au bout du tunnel : Sonate cartésienne

 

 

 

 

 

 

 

Gavelis

Vilnius poker, conscience balte

 

 

 

 

 

 

Genèse

Adam et Eve, mythe et historicité

La Genèse illustrée par l'abstraction

 

 

 

 

 

 

 

Gilgamesh
L'épopée originelle et sa photographie


 

 

 

 

 

 

Gibson

Neuromancien, Identification des schémas

 

 

 

 

 

 

Girard

René Girard, Conversion de l'art, violence

 

 

 

 

 

 

 

Goethe

Chemins de Goethe avec Pietro Citati

Goethe et la France, Fondation Bodmer

Thomas Bernhard : Goethe se mheurt

Arno Schmidt : Goethe et un admirateur

 

 

 

 

 

 

 

Gothiques

Frankenstein et autres romans gothiques

 

 

 

 

 

 

Golovkina

Les Vaincus de la terreur communiste

 

 

 

 

 

 

 

Goytisolo

Un dissident espagnol

 

 

 

 

 

 

Gracian

L’homme de cour, Traités politiques

 

 

 

 

 

 

 

Gracq

Les Terres du couchant, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

Grandes

Le franquisme du Cœur glacé

 

 

 

 

 

 

 

Greenblatt

Shakespeare : Will le magnifique

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

Adam et Eve, mythe et historicité

 

 

 

 

 

 

 

Guerre et violence

John Keegan : Histoire de la guerre

Storia della guerra di John Keegan

Guerre et paix à la Fondation Martin Bodmer

Violence, biblique, romaine et Terreur

Violence et vices politiques

Battle royale, cruelle téléréalité

Honni soit qui Syrie pense

Emeutes et violences urbaines

Mortel fait divers et paravent idéologique

Violences policières et antipolicières

Stefan Brijs : Courrier des tranchées

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Une vie d'écriture et de photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut Muses Academy

Muses Academy, roman : synopsis, Prologue

I L'ouverture des portes

II Récit de l'Architecte : Uranos ou l'Orgueil

Première soirée : dialogue et jury des Muses

V Récit de la danseuse Terpsichore

IX Récit du cinéaste : L’ecpyrose de l’Envie

XI Récit de la Musicienne : La Gourmandise

XIII Récit d'Erato : la peintresse assassine

XVII Polymnie ou la tyrannie politique

XIX Calliope jeuvidéaste : Civilisation et Barbarie

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Faillite et universalité de la beauté, de l'Antiquité à notre contemporain, essai

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Au Coeur des Pyrénées

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Pyrénées entre Aneto et Canigou

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Haut-Languedoc

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Montagne Noire : Journal de marche

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Triptyques

Le carnet des Triptyques géographiques

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Recours aux Monts du Cantal

Traversées. Le recours à la montagne

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Le Marais poitevin

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut La République des rêves

La République des rêves, roman

I Une route des vins de Blaye au Médoc

II La Conscience de Bordeaux

II Le Faust de Bordeaux

III Bironpolis. Incipit

III Bironpolis. Les nuages de Titien 

IV Eros à Sauvages : Les belles inconnues

IV Eros : Mélissa et les sciences politiques

VII Le Testament de Job

VIII De natura rerum. Incipit

VIII De natura rerum. Euro Urba

VIII De natura rerum. Montée vers l’Empyrée

VIII De natura rerum excipit

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Les Métamorphoses de Vivant

I Synopsis, sommaire et prologue

II Arielle Hawks prêtresse des médias

III La Princesse de Monthluc-Parme

IV Francastel, frontnationaliste

V Greenbomber, écoterroriste

VI Lou-Hyde Motion, Jésus-Bouddha-Star

VII Démona Virago, cruella du-postféminisme

 

 

 

 

 

 

Guinhut Voyages en archipel

I De par Marie à Bologne descendu

IX De New-York à Pacifica

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Sonnets des paysages

Sonnets de l'Art poétique

Sonnets autobiographiques

Des peintres : Crivelli, Titien, Rothko, Tàpies, Twombly

Trois requiem : Selma, Mandelstam, Malala

 

 

 

 

 

 

Guinhut Trois vies dans la vie d'Heinz M

I Une année sabbatique

II Hölderlin à Tübingen

III Elégies à Liesel

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut Le Passage des sierras

Un Etat libre en Pyrénées

Le Passage du Haut-Aragon

Vihuet, une disparition

 

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Ré une île en paradis

 

 

 

 

 

 

Guinhut

Photographie

 

 

 

 

 

 

Guinhut La Bibliothèque du meurtrier

Synospsis, sommaire et Prologue

I L'Artiste en-maigreur

II Enquête et pièges au labyrinthe

III L'Ecrivain voleur de vies

IV La Salle Maladeta

V Les Neiges du philosophe

VI Le Club des tee-shirts politiques

XIII Le Clone du Couloirdelavie.com.

 

 

 

 

 

 

Haddad

La Sirène d'Isé

Le Peintre d’éventail, Les Haïkus

Corps désirable, Nouvelles de jour et nuit

 

 

 

 

 

 

 

Haine

Du procès contre la haine

 

 

 

 

 

 

 

Hamsun

Faim romantique et passion nazie

 

 

 

 

 

 

 

Haushofer

Albrecht Haushofer : Sonnets de Moabit

Marlen Haushofer : Mur invisible, Mansarde

 

 

 

 

 

 

 

Hayek

De l’humiliation électorale

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Histoire

Histoire du monde en trois tours de Babel

Eloge, blâme : Histoire mondiale de la France

Statues de l'Histoire et mémoire

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Rome du libéralisme au socialisme

Destruction des Indes : Las Casas, Verne

Jean Claude Bologne historien de l'amour

Jean Claude Bologne : Histoire du scandale

Histoire du vin et culture alimentaire

Corbin, Vigarello : Histoire du corps

Berlin, du nazisme au communisme

De Mahomet au Coran, de la traite arabo-musulmane au mythe al-Andalus

L'Islam parmi le destin français

 

 

 

 

 

 

 

Hobbes

Emeutes urbaines : entre naïveté et guerre

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

 

 

 

 

 

 

 

Hoffmann

Le fantastique d'Hoffmann à Ewers

 

 

 

 

 

 

 

Hölderlin

Trois vies d'Heinz M. II Hölderlin à Tübingen

 

 

 

 

 

 

Homère

Dan Simmons : Ilium science-fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Homosexualité

Pasolini : Sonnets du manque amoureux

Libertés libérales : Homosexualité, drogues, prostitution, immigration

Garcia Lorca : homosexualité et création

 

 

 

 

 

 

Houellebecq

Extension du domaine de la soumission

 

 

 

 

 

 

 

Humanisme

Erasme et Aldo Manuzio

Etat et utopie de Thomas More

Le Pogge : Facéties et satires morales

Le Pogge et Lucrèce au Quattrocento

De la République des Lettres et de Peiresc

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Pic de la Mirandole : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

 

Hustvedt

Vivre, penser, regarder. Eté sans les hommes

Le Monde flamboyant d’une femme-artiste

 

 

 

 

 

 

 

Huxley

Du meilleur des mondes aux Temps futurs

 

 

 

 

 

 

 

Ilis 

Croisade des enfants, Vies parallèles, Livre des nombres

 

 

 

 

 

 

 

Impôt

Vers le paradis fiscal français ?

Sloterdijk : fiscocratie, repenser l’impôt

La dette grecque,  tonneau des Danaïdes

 

 

 

 

 

 

Inde

Coffret Inde, Bhagavad-gita, Nagarjuna

Les hijras d'Arundhati Roy et Anosh Irani

 

 

 

 

 

 

Inégalités

L'argument spécieux des inégalités : Rousseau, Marx, Piketty, Jouvenel, Hayek

 

 

 

 

 

 

Islam

Lettre à une jeune femme politique

Du fanatisme morbide islamiste

Dictatures arabes et ottomanes

Islam et Russie : choisir ses ennemis

Humanisme et civilisation devant le viol

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : dénis

Arbre du terrorisme, forêt d'Islam : défis

Sommes-nous islamophobes ?

Islamologie I Mahomet, Coran, al-Andalus

Islamologie II arabe et Islam en France

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Vérité d’islam et vérités libérales

Identité, assimilation : Finkielkraut, Tribalat

Averroès et al-Ghazali

 

 

 

 

 

 

 

Israël

Une épine démocratique parmi l’Islam

Résistance biblique Appelfeld Les Partisans

Amos Oz : un Judas anti-fanatique

 

 

 

 

 

 

 

Jaccottet

Philippe Jaccottet : Madrigaux & Clarté

 

 

 

 

 

 

James

Voyages et nouvelles d'Henry James

 

 

 

 

 

 

 

Jankélévitch

Jankélévitch, conscience et pardon

L'enchantement musical


 

 

 

 

 

 

Japon

Bashô : L’intégrale des haïkus

Kamo no Chômei, cabane de moine et éveil

Kawabata : Pissenlits et Mont Fuji

Kiyoko Murata, Julie Otsuka : Fille de joie

Battle royale : téléréalité politique

Haruki Murakami : Le Commandeur, Kafka

Murakami Ryû : 1969, Les Bébés

Mieko Kawakami : Nuits, amants, Seins, œufs

Ôé Kenzaburô : Adieu mon livre !

Ogawa Yoko : Cristallisation secrète

Ogawa Yoko : Le Petit joueur d’échecs

À l'ombre de Tanizaki

101 poèmes du Japon d'aujourd'hui

Rires du Japon et bestiaire de Kyosai

 

 

 

 

 

 

Jünger

Carnets de guerre, tempêtes du siècle

 

 

 

 

 

 

 

Kafka

Justice au Procès : Kafka et Welles

L'intégrale des Journaux, Récits et Romans

 

 

 

 

 

 

Kant

Grandeurs et descendances des Lumières

Qu’est-ce que l’obscurantisme socialiste ?

 

 

 

 

 

 

 

Karinthy

Farémido, Epépé, ou les pays du langage

 

 

 

 

 

 

Kawabata

Pissenlits, Premières neiges sur le Mont Fuji

 

 

 

 

 

 

Kehlmann

Tyll Ulespiegle, Les Arpenteurs du monde

 

 

 

 

 

 

Kertész

Kertész : Sauvegarde contre l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Kjaerstad

Le Séducteur, Le Conquérant, Aléa

 

 

 

 

 

 

Knausgaard

Autobiographies scandinaves

 

 

 

 

 

 

Kosztolanyi

Portraits, Kornél Esti

 

 

 

 

 

 

 

Krazsnahorkaï

La Venue d'Isaie ; Guerre & Guerre

Le retour de Seiobo et du baron Wenckheim

 

 

 

 

 

 

 

La Fontaine

Des Fables enfantines et politiques

Guinhut : Fables politiques

 

 

 

 

 

 

Lagerlöf

Le voyage de Nils Holgersson

 

 

 

 

 

 

 

Lainez

Lainez : Bomarzo ; Fresan : Melville

 

 

 

 

 

 

 

Lamartine

Le lac, élégie romantique

 

 

 

 

 

 

 

Lampedusa

Le Professeur et la sirène

 

 

 

 

 

 

Langage

Euphémisme et cliché euphorisant, novlangue politique

Langage politique et informatique

Langue de porc et langue inclusive

Vulgarité langagière et règne du langage

L'arabe dans la langue française

George Steiner, tragédie et réelles présences

Vocabulaire européen des philosophies

Ben Marcus : L'Alphabet de flammes

 

 

 

 

 

 

Larsen 

L’Extravagant voyage de T.S. Spivet

 

 

 

 

 

 

 

Legayet

Satire de la cause animale et botanique

 

 

 

 

 

 

Leopardi

Génie littéraire et Zibaldone par Citati

 

 

 

 

 

 

 

Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss juge de l’Islam

 

 

 

 

 

 

 

Libertés, Libéralisme

Pourquoi je suis libéral

Pour une éducation libérale

Du concept de liberté aux Penseurs libéraux

Lettre à une jeune femme politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Requiem pour la liberté d’expression

Qui est John Galt ? Ayn Rand : La Grève

Ayn Rand : Atlas shrugged, la grève libérale

Mario Vargas Llosa, romancier des libertés

Homosexualité, drogues, prostitution

Serions-nous plus libres sans l'Etat ?

Tempérament et rationalisme politique

Front Socialiste National et antilibéralisme

Rome du libéralisme au socialisme

 

 

 

 

 

 

Lins

Osman Lins : Avalovara, carré magique

 

 

 

 

 

 

 

Littell

Les Bienveillantes, mythe et histoire

 

 

 

 

 

 

 

Lorca

La Colombe de Federico Garcia Lorca

 

 

 

 

 

 

Lovecraft

Depuis l'abîme du temps : l'appel de Cthulhu

Lovecraft, Je suis Providence par S.T. joshi

 

 

 

 

 

 

Lugones

Fantastique, anticipation, Forces étranges

 

 

 

 

 

 

Lumières

Grandeurs et descendances des Lumières

D'Holbach : La Théologie portative

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

 

 

 

 

 

Machiavel

Actualités de Machiavel : Le Prince

 

 

 

 

 

 

 

Magris

Secrets et Enquête sur une guerre classée

 

 

 

 

 

 

 

Makouchinski

Un bateau pour l'Argentine

 

 

 

 

 

 

Mal

Hannah Arendt : De la banalité du mal

De l’origine et de la rédemption du mal : théologie, neurologie et politique

Le libre arbitre devant le bien et le mal

Christianophobie et désir de barbarie

Cabré Confiteor, Menéndez Salmon Medusa

Roberto Bolano : 2666, Nocturne du Chili

 

 

 

 

 

 

 

Maladie, peste

Maladie et métaphore : Wagner, Maï, Zorn

Pandémies historiques et idéologiques

Pandémies littéraires : M Shelley, J London, G R. Stewart, C McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Mandelstam

Poésie à Voronej et Oeuvres complètes

Trois requiem, sonnets

 

 

 

 

 

 

 

Manguel

Le cheminement dantesque de la curiosité

Le Retour et Nouvel éloge de la folie

Voyage en utopies

Lectures du mythe de Frankenstein

Je remballe ma bibliothèque

Du mythe européen aux Lettres européennes

 

 

 

 

 

 

 

Mann Thomas

Thomas Mann magicien faustien du roman

 

 

 

 

 

 

 

Marcher

De L’Art de marcher

Flâneurs et voyageurs

Le Passage des sierras

Le Recours aux Monts du Cantal

Trois vies d’Heinz M. I Une année sabbatique

 

 

 

 

 

 

Marcus

L’Alphabet de flammes, conte philosophique

 

 

 

 

 

 

 

Mari

Les Folles espérances, fresque italienne

 

 

 

 

 

 

 

Marino

Adonis, un grand poème baroque

 

 

 

 

 

 

 

Marivaux

Le Jeu de l'amour et du hasard

 

 

 

 

 

 

Martin Georges R.R.

Le Trône de fer, La Fleur de verre : fantasy, morale et philosophie politique

 

 

 

 

 

 

Martin Jean-Clet

Philosopher la science-fiction et le cinéma

Enfer de la philosophie et Coup de dés

Déconstruire Derrida

 

 

 

 

 

 

 

Marx

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

« Hommage à la culture communiste »

De l’argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

Mattéi

Petit précis de civilisations comparées

 

 

 

 

 

 

 

McEwan

Satire et dystopie : Une Machine comme moi, Sweet Touch, Solaire

 

 

 

 

 

 

Méditerranée

Histoire et visages de la Méditerranée

 

 

 

 

 

 

Mélancolie

Mélancolie de Burton à Földenyi

 

 

 

 

 

 

 

Melville

Billy Budd, Olivier Rey, Chritophe Averlan

Roberto Abbiati : Moby graphick

 

 

 

 

 

 

Mille et une nuits

Les Mille et une nuits de Salman Rushdie

Schéhérazade, Burton, Hanan el-Cheikh

 

 

 

 

 

 

Mitchell

Des Ecrits fantômes aux Mille automnes

 

 

 

 

 

 

 

Mode

Histoire et philosophie de la mode

 

 

 

 

 

 

Montesquieu

Eloge des arts, du luxe : Lettres persanes

Lumière de L'Esprit des lois

 

 

 

 

 

 

 

Moore

La Voix du feu, Jérusalem, V for vendetta

 

 

 

 

 

 

 

Morale

Notre virale tyrannie morale

 

 

 

 

 

 

 

More

Etat, utopie, justice sociale : More, Ogien

 

 

 

 

 

 

Morrison

Délivrances : du racisme à la rédemption

L'amour-propre de l'artiste

 

 

 

 

 

 

 

Moyen Âge

Rythmes et poésies au Moyen Âge

Umberto Eco : Baudolino

Christine de Pizan, poète feministe

Troubadours et érotisme médiéval

Le Goff, Hildegarde de Bingen

 

 

 

 

 

 

Mulisch

Siegfried, idylle noire, filiation d’Hitler

 

 

 

 

 

 

 

Murakami Haruki

Le meurtre du commandeur, Kafka

Les licornes de La Fin des temps

 

 

 

 

 

 

Musique

Musique savante contre musique populaire

Pour l'amour du piano et des compositrices

Les Amours de Brahms et Clara Schumann

Mizubayashi : Suite, Recondo : Grandfeu

Jankélévitch : L'Enchantement musical

Lady Gaga versus Mozart La Reine de la nuit

Lou Reed : chansons ou poésie ?

Schubert : Voyage d'hiver par Ian Bostridge

Grozni : Chopin contre le communisme

Wagner : Tristan und Isold et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

Mythes

La Genèse illustrée par l'abstraction

Frankenstein par Manguel et Morvan

Frankenstein et autres romans gothiques

Dracula et autres vampires

Testart : L'Amazone et la cuisinière

Métamorphoses d'Ovide

Luc Ferry : Mythologie et philosophie

L’Enfer, mythologie des lieux, Hugo Lacroix

 

 

 

 

 

 

 

Nabokov

La Vénitienne et autres nouvelles

De l'identification romanesque

 

 

 

 

 

 

 

Nadas

Mémoire et Mélancolie des sirènes

La Bible, Almanach

 

 

 

 

 

 

Nadaud

Des montagnes et des dieux, deux fictions

 

 

 

 

 

 

Naipaul

Masque de l’Afrique, Semences magiques

 

 

 

 

 

 

 

Nietzsche

Bonheurs, trahisons : Dictionnaire Nietzsche

Romantisme et philosophie politique

Nietzsche poète et philosophe controversé

Les foudres de Nietzsche sont en Pléiade

Jean-Clet Martin : Enfer de la philosophie

Violences policières et antipolicières

 

 

 

 

 

 

Nooteboom

L’écrivain au parfum de la mort

 

 

 

 

 

 

Norddahl

SurVeillance, holocauste, hermaphrodisme

 

 

 

 

 

 

Oates

Le Sacrifice, Mysterieux Monsieur Kidder

 

 

 

 

 

 

 

Ôé Kenzaburo

Ôé, le Cassandre nucléaire du Japon

 

 

 

 

 

 

Ogawa 

Cristallisation secrète du totalitarisme

Au Musée du silence : Le Petit joueur d’échecs, La jeune fille à l'ouvrage

 

 

 

 

 

 

Onfray

Faut-il penser Michel Onfray ?

Censures et Autodafés

Cosmos

 

 

 

 

 

 

Oppen

Oppen, objectivisme et Format américain

Oppen

 

Orphée

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

 

 

 

 

 

 

Orwell

L'orwellisation sociétale

Cher Big Brother, Prism américain, français

Euphémisme, cliché euphorisant, novlangue

Contrôles financiers ou contrôles étatiques ?

Orwell 1984

 

Ovide

Métamorphoses et mythes grecs

 

 

 

 

 

 

 

Palahniuk

Le réalisme sale : Peste, L'Estomac, Orgasme

 

 

 

 

 

 

Palol

Le Jardin des Sept Crépuscules, Le Testament d'Alceste

 

 

 

 

 

 

 

Pamuk

Autobiographe d'Istanbul

Le musée de l’innocence, amour, mémoire

 

 

 

 

 

 

 

Panayotopoulos

Le Gène du doute, ou l'artiste génétique

Panayotopoulos

 

Panofsky

Iconologie de la Renaissance

 

 

 

 

 

 

Paris

Les Chiffonniers de Paris au XIX°siècle

 

 

 

 

 

 

 

Pasolini

Sonnets des tourments amoureux

 

 

 

 

 

 

Pavic

Dictionnaire khazar, Boite à écriture

 

 

 

 

 

 

 

Peinture

Traverser la peinture : Arasse, Poindron

Le tableau comme relique, cri, toucher

Peintures et paysages sublimes

Sonnets des peintres : Crivelli, Titien, Rohtko, Tapiès, Twombly

 

 

 

 

 

 

Perec

Les Lieux de Georges Perec

 

 

 

 

 

 

 

Perrault

Des Contes pour les enfants ?

Perrault Doré Chat

 

Pétrarque

Eloge de Pétrarque humaniste et poète

Du Canzoniere aux Triomphes

 

 

 

 

 

 

 

Petrosyan

La Maison dans laquelle

 

 

 

 

 

 

Philosophie

Mondialisations, féminisations philosophiques

 

 

 

 

 

 

Photographie

Photographie réaliste et platonicienne : Depardon, Meyerowitz, Adams

La photographie, biographème ou oeuvre d'art ? Benjamin, Barthes, Sontag

Ben Loulou des Sanguinaires à Jérusalem

Ewing : Le Corps, Love and desire

 

 

 

 

 

 

Picaresque

Smollett, Weerth : Vaurien et Chenapan

 

 

 

 

 

 

 

Pic de la Mirandole

Humanisme philosophique : 900 conclusions

 

 

 

 

 

 

Pierres

Musée de minéralogie, sexe des pierres

 

 

 

 

 

 

Pisan

Cent ballades, La Cité des dames

 

 

 

 

 

 

Platon

Faillite et universalité de la beauté

 

 

 

 

 

 

Poe

Edgar Allan Poe, ange du bizarre

 

 

 

 

 

 

 

Poésie

Anthologie de la poésie chinoise

À une jeune Aphrodite de marbre

Brésil, Anthologie XVI°- XX°

Chanter et enchanter en poésie 

Emaz, Sacré : anti-lyrisme et maladresse

Fonctions de la poésie, pouvoirs d'Orphée

Histoire de la poésie du XX° siècle

Japon poétique d'aujourd'hui

Lyrisme : Riera, Voica, Viallebesset, Rateau

Marteau : Ecritures, sonnets

Oppen, Padgett, Objectivisme et lyrisme

Pizarnik, poèmes de sang et de silence

Poésie en vers, poésie en prose

Poésies verticales et résistances poétiques

Du romantisme à la Shoah

Anthologies et poésies féminines

Trois vies d'Heinz M, vers libres

Schlechter : Le Murmure du monde

 

 

 

 

 

 

Pogge

Facéties, satires morales et humanistes

 

 

 

 

 

 

 

Policier

Chesterton, prince de la nouvelle policière

Terry Hayes : Je suis Pilgrim ou le fanatisme

Les crimes de l'artiste : Pobi, Kellerman

Bjorn Larsson : Les Poètes morts

Chesterton father-brown

 

Populisme

Populisme, complotisme et doxa

 

 

 

 

 

 

 

Porter
La Douleur porte un masque de plumes

 

 

 

 

 

 

 

Portugal

Pessoa et la poésie lyrique portugaise

Tavares : un voyage en Inde et en vers

 

 

 

 

 

 

Pound

Ezra Pound, poète politique controversé par Mary de Rachewiltz et Pierre Rival

 

 

 

 

 

 

Powers

Générosité, Chambre aux échos, Sidérations

Orfeo, le Bach du bioterrorisme

L'éco-romancier de L'Arbre-monde

 

 

 

 

 

 

 

Pressburger

L’Obscur royaume, ou l’enfer du XX° siècle

Pressburger

 

Proust

Le baiser à Albertine : À l'ombre des jeunes filles en fleurs

Illustrations, lectures et biographies

Le Mystérieux correspondant, 75 feuillets

Céline et Proust, la recherche du voyage

 

 

 

 

 

 

Pynchon

Contre-jour, une quête de lumière

Fonds perdus du web profond & Vice caché

Vineland, une utopie postmoderne

 

 

 

 

 

 

 

Racisme

Racisme et antiracisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Ecrivains noirs : Wright, Ellison, Baldwin, Scott Heron, Anthologie noire

 

 

 

 

 

 

Rand

Qui est John Galt ? La Source vive, La Grève

Atlas shrugged et La grève libérale

 

 

 

 

 

 

Raspail

Sommes-nous islamophobes ?

Camp-des-Saints

 

Reed Lou

Chansons ou poésie ? L’intégrale

 

 

 

 

 

 

 

Religions et Christianisme

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Catholicisme versus polythéisme

Eloge du blasphème

De Jésus aux chrétiennes uchronies

Le Livre noir de la condition des Chrétiens

D'Holbach : Théologie portative et humour

De l'origine des dieux ou faire parler le ciel

Eloge paradoxal du christianisme

 

 

 

 

 

 

Renaissance

Renaissance historique et humaniste

 

 

 

 

 

 

 

Revel

Socialisme et connaissance inutile

 

 

 

 

 

 

 

Richter Jean-Paul

Le Titan du romantisme allemand

 

 

 

 

 

 

 

Rios

Nouveaux chapeaux pour Alice, Chez Ulysse

 

 

 

 

 

 

Rilke

Sonnets à Orphée, Poésies d'amour

 

 

 

 

 

 

 

Roman 

Adam Thirlwell : Le Livre multiple

Miscellanées littéraires : Cloux, Morrow...

L'identification romanesque : Nabokov, Mann, Flaubert, Orwell...

Nabokov Loilita folio

 

Rome

Causes et leçons de la chute de Rome

Rome de César à Fellini

Romans grecs et latins

 

 

 

 

 

 

 

Ronsard

Pléiade & Sonnet pour Hélène LXVIII

 

 

 

 

 

 

 

Rostand

Cyrano de Bergerac : amours au balcon

 

 

 

 

 

 

Roth Philip

Hitlérienne uchronie contre l'Amérique

Les Contrevies de la Bête qui meurt

 

 

 

 

 

 

Rousseau

Archéologie de l’écologie politique

De l'argument spécieux des inégalités

 

 

 

 

 

 

 

Rushdie

Joseph Anton, plaidoyer pour les libertés

Quichotte, Langages de vérité

Entre Averroès et Ghazali : Deux ans huit mois et vingt-huit nuits

Rushdie 6

 

Russell

De la fumisterie intellectuelle

Pourquoi nous ne sommes pas religieux

Russell F

 

Russie

Islam, Russie, choisir ses ennemis

Golovkina : Les Vaincus ; Annenkov : Journal

Les dystopies de Zamiatine et Platonov

Isaac Babel ou l'écriture rouge

Ludmila Oulitskaia ou l'âme de l'Histoire

Bounine : Coup de soleil, nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

Sade

Sade, ou l’athéisme de la sexualité

 

 

 

 

 

 

 

San-Antonio

Rire de tout ? D’Aristote à San-Antonio

 

 

 

 

 

 

 

Sansal

2084, conte orwellien de la théocratie

Le Train d'Erlingen, métaphore des tyrannies

 

Schlink

Filiations allemandes : Le Liseur, Olga

 

 

 

 

 

 

Schmidt Arno

Un faune pour notre temps politique

Le marcheur de l’immortalité

Arno Schmidt Scènes

 

Sciences

Agonie scientifique et sophisme français

Transhumanisme, intelligence artificielle, robotique

Tyrannie écologique et suicide économique

Wohlleben : La Vie secrète des arbres

Factualité, catastrophisme et post-vérité

Cosmos de science, d'art et de philosophie

Science et guerre : Volpi, Labatut

L'Eglise est-elle contre la science ?

Inventer la nature : aux origines du monde

Minéralogie et esthétique des pierres

 

 

 

 

 

 

Science fiction

Philosopher la science fiction

Ballard : un artiste de la science fiction

Carrion : les orphelins du futur

Dyschroniques et écofictions

Gibson : Neuromancien, Identification

Le Guin : La Main gauche de la nuit

Magnason : LoveStar, Kling : Quality Land

Miller : L’Univers de carton, Philip K. Dick

Mnémos ou la mémoire du futur

Silverberg : Roma, Shadrak, stochastique

Simmons : Ilium et Flashback géopolitiques

Sorokine : Le Lard bleu, La Glace, Telluria

Stalker, entre nucléaire et métaphysique

Théorie du tout : Ourednik, McCarthy

 

 

 

 

 

 

 

Self 

Will Self ou la théorie de l'inversion

Parapluie ; No Smoking

 

 

 

 

 

 

 

Sender

Le Fugitif ou l’art du huis-clos

 

 

 

 

 

 

 

Seth

Golden Gate. Un roman en sonnets

Seth Golden gate

 

Shakespeare

Will le magnifique ou John Florio ?

Shakespeare et la traduction des Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

La Tempête, Othello : Atwood, Chevalier

 

 

 

 

 

 

 

Shelley Mary et Percy Bysshe

Le mythe de Frankenstein

Frankenstein et autres romans gothiques

Le Dernier homme, une peste littéraire

La Révolte de l'Islam

Frankenstein Shelley

 

Shoah

Ecrits des camps, Philosophie de la shoah

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Paul Celan minotaure de la poésie

 

 

 

 

 

 

Silverberg

Uchronies et perspectives politiques : Roma aeterna, Shadrak, L'Homme-stochastique

 

 

 

 

 

 

 

Simmons

Ilium et Flashback géopolitiques

 

 

 

 

 

 

Sloterdijk

Les sphères de Peter Sloterdijk : esthétique, éthique politique de la philosophie

Gris politique et Projet Schelling

Contre la « fiscocratie » ou repenser l’impôt

Les Lignes et les jours. Notes 2008-2011

Elégie des grandeurs de la France

Faire parler le ciel. De la théopoésie

Archéologie de l’écologie politique

 

 

 

 

 

 

Smith Adam

Pourquoi je suis libéral

Tempérament et rationalisme politique

 

 

 

 

 

 

 

Smith Patti

De Babel au Livre de jours

 

 

 

 

 

 

Sofsky

Violence et vices politiques

Surveillances étatiques et entrepreneuriales

 

 

 

 

 

 

 

Sollers

Vie divine de Sollers et guerre du goût

Dictionnaire amoureux de Venise

Sollersd-vers-le-paradis-dante

 

Somoza

Daphné disparue et les Muses dangereuses

Les monstres de Croatoan et de Dieu mort

 

 

 

 

 

 

Sonnets

À une jeune Aphrodite de marbre

Barrett Browning et autres sonnettistes 

Marteau : Ecritures  

Pasolini : Sonnets du tourment amoureux

Phénix, Anthologie de sonnets

Seth : Golden Gate, roman en vers

Shakespeare : Six Sonnets traduits

Haushofer : Sonnets de Moabit

Sonnets autobiographiques

Sonnets de l'Art poétique

 

 

 

 

 

 

Sorcières

Sorcières diaboliques et féministes

 

 

 

 

 

 

Sorokine

Le Lard bleu, La Glace, Telluria

 

 

 

 

 

 

 

Sorrentino

Ils ont tous raison, déboires d'un chanteur

 

 

 

 

 

 

 

Sôseki

Rafales d'automne sur un Oreiller d'herbes

Poèmes : du kanshi au haïku

 

 

 

 

 

 

 

Spengler

Déclin de l'Occident de Spengler à nos jours

 

 

 

 

 

 

 

Sport

Vulgarité sportive, de Pline à 0rwell

 

 

 

 

 

 

 

Staël

Libertés politiques et romantiques

 

 

 

 

 

 

Starobinski

De la Mélancolie, Rousseau, Diderot

Starobinski 1

 

Steiner

Oeuvres : tragédie et réelles présences

De l'incendie des livres et des bibliothèques

 

 

 

 

 

 

 

Stendhal

Julien lecteur bafoué, Le Rouge et le noir

L'échelle de l'amour entre Julien et Mathilde

Les spectaculaires funérailles de Julien

 

 

 

 

 

 

 

Stevenson

La Malle en cuir ou la société idéale

Stevenson

 

Stifter

L'Arrière-saison des paysages romantiques

 

 

 

 

 

 

Strauss Leo

Pour une éducation libérale

 

 

 

 

 

 

Strougatski

Stalker, nucléaire et métaphysique

 

 

 

 

 

 

 

Szentkuthy

Le Bréviaire de Saint Orphée, Europa minor

 

 

 

 

 

 

Tabucchi

Anges nocturnes, oiseaux, rêves

 

 

 

 

 

 

 

Temps, horloges

Landes : L'Heure qu'il est ; Ransmayr : Cox

Temps de Chronos et politique des oracles

 

 

 

 

 

 

 

Tesich

Price et Karoo, revanche des anti-héros

Karoo

 

Texier

Le démiurge de L’Alchimie du désir

 

 

 

 

 

 

 

Théâtre et masques

Masques & théâtre, Fondation Bodmer

 

 

 

 

 

 

Thoreau

Journal, Walden et Désobéissance civile

 

 

 

 

 

 

 

Tocqueville

Française tyrannie, actualité de Tocqueville

Au désert des Indiens d’Amérique

 

 

 

 

 

 

Tolstoï

Sonate familiale chez Sofia & Léon Tolstoi, chantre de la désobéissance politique

 

 

 

 

 

 

 

Totalitarismes

Ampuero : la faillite du communisme cubain

Arendt : banalité du mal et de la culture

« Hommage à la culture communiste »

De Mein Kampf à la chambre à gaz

Karl Marx, théoricien du totalitarisme

Lénine et Staline exécuteurs du totalitarisme

Mussolini et le fascisme

Pour l'annulation de la Cancel culture

Muses Academy : Polymnie ou la tyrannie

Tempérament et rationalisme politique 

Hayes : Je suis Pilgrim ; Tejpal

Meerbraum, Mandelstam, Yousafzai

 

 

 

 

 

 

 

Trollope

L’Ange d’Ayala, satire de l’amour

Trollope ange

 

Trump

Entre tyrannie et rhinocérite, éloge et blâme

À la recherche des années Trump : G Millière

 

 

 

 

 

 

 

Tsvetaeva

Poèmes, Carnets, Chroniques d’un goulag

Tsvetaeva Clémence Hiver

 

Ursin

Jean Ursin : La prosopopée des animaux

 

 

 

 

 

 

Utopie, dystopie, uchronie

Etat et utopie de Thomas More

Zamiatine, Nous et l'Etat unitaire

Huxley : Meilleur des mondes, Temps futurs

Orwell, un novlangue politique

Margaret Atwood : La Servante écarlate

Hitlérienne uchronie : Lewis, Burdekin, K.Dick, Roth, Scheers, Walton

Utopies politiques radieuses ou totalitaires : More, Mangel, Paquot, Caron

Dyschroniques, dystopies

Ernest Callenbach : Ecotopia

Herland parfaite république des femmes

A. Waberi : Aux Etats-unis d'Afrique

Alan Moore : V for vendetta, Jérusalem

L'hydre de l'Etat : Karlsson, Sinisalo

 

 

 

 

 

 

Valeurs, relativisme

De Nathalie Heinich à Raymond Boudon

 

 

 

 

 

 

 

Vargas Llosa

Vargas Llosa, romancier des libertés

Aux cinq rues Lima, coffret Pléiade

Littérature et civilisation du spectacle

Rêve du Celte et Temps sauvages

Journal de guerre, Tour du monde

Arguedas ou l’utopie archaïque

Vargas-Llosa-alfaguara

 

Venise

Strates vénitiennes et autres canaux d'encre

 

 

 

 

 

 

 

Vérité

Maîtres de vérité et Vérité nue

 

 

 

 

 

 

Verne

Colonialisme : de Las Casas à Jules Verne

 

 

 

 

 

 

Vesaas

Le Palais de glace

 

 

 

 

 

 

Vigolo

La Virgilia, un amour musical et apollinien

Vigolo Virgilia 1

 

Vila-Matas

Vila-Matas écrivain-funambule

 

 

 

 

 

 

Vin et culture alimentaire

Histoire du vin et de la bonne chère de la Bible à nos jours

 

 

 

 

 

 

Visage

Hans Belting : Faces, histoire du visage

 

 

 

 

 

 

 

Vollmann

Le Livre des violences

Central Europe, La Famille royale

Vollmann famille royale

 

Volpi

Volpi : Klingsor. Labatut : Lumières aveugles

Des cendres du XX°aux cendres du père

Volpi Busca 3

 

Voltaire

Tolérer Voltaire et non le fanatisme

Espmark : Le Voyage de Voltaire

 

 

 

 

 

 

 

Vote

De l’humiliation électorale

Front Socialiste National et antilibéralisme

 

 

 

 

 

 

 

Voyage, villes

Villes imaginaires : Calvino, Anderson

Flâneurs, voyageurs : Benjamin, Woolf

 

 

 

 

 

 

 

Wagner

Tristan und Isolde et l'antisémitisme

 

 

 

 

 

 

 

Walcott

Royaume du fruit-étoile, Heureux voyageur

Walcott poems

 

Walton

Morwenna, Mes vrais enfants

 

 

 

 

 

 

Welsh

Drogues et sexualités : Trainspotting, La Vie sexuelle des soeurs siamoises

 

 

 

 

 

 

 

Whitman

Nouvelles et Feuilles d'herbes

 

 

 

 

 

 

 

Wideman

Trilogie de Homewood, Projet Fanon

Le péché de couleur : Mémoires d'Amérique

Wideman Belin

 

Williams

Stoner, drame d’un professeur de littérature

Williams Stoner939

 

 

Wolfe

Le Règne du langage

 

 

 

 

 

 

Wordsworth

Poésie en vers et poésie en prose

 

 

 

 

 

 

 

Yeats

Derniers poèmes, Nôs irlandais, Lettres

 

 

 

 

 

 

 

Zamiatine

Nous : le bonheur terrible de l'Etat unitaire

 

 

 

 

 

 

Zao Wou-Ki

Le peintre passeur de poètes

 

 

 

 

 

 

 

Zimler

Lazare, Le ghetto de Varsovie

 

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